La découverte intrigante d’un lynx enterré aux côtés de quatre chiens dans une colonie du début du Moyen Âge en Hongrie a laissé les archéologues perplexes, car ces félins sauvages sont rarement associés à des fouilles archéologiques. Cette découverte rare, survenue dans une fosse datant du 5e au 6e siècle, offre un aperçu fascinant des pratiques funéraires et de la relation entre les humains et les animaux à cette époque.
Un animal rare dans les archives fossiles
De nos jours, la population de lynx eurasien a commencé à décliner en Europe continentale, principalement en raison de l’expansion humaine et de la déforestation. Avec le développement des activités humaines, notamment l’agriculture, l’urbanisation et l’exploitation forestière, de vastes étendues de forêts ont été détruites, réduisant ainsi l’habitat vital du lynx.
Bien que sa population ait diminué en Europe, nous savons cependant que la présence historique du lynx eurasien dans l’hémisphère nord remonte à plusieurs millénaires. Cette espèce prospérait notamment dans une grande partie de l’Europe, de l’Asie et même de certaines régions de l’Afrique du Nord. Elle évoluait principalement dans les forêts boréales, les taïgas et les zones montagneuses.
Malgré tout, les restes de ces animaux sont extrêmement rares dans les fouilles archéologiques, bien que des griffes et des peaux de lynx aient parfois été retrouvées dans des tombes humaines. Cette rareté dans les archives rend donc cette nouvelle découverte intéressante.
Une fosse qui interpelle
Dans le cadre d’une récente étude, des archéologues ont en effet fouillé une fosse au fond de laquelle gisaient les restes d’un lynx, au-dessus desquels étaient empilés les restes de quatre chiens. Il s’agissait probablement de bergers allemands.
La fosse, d’une profondeur d’environ 1,4 mètre, a été découverte sur le site de Zamárdi-Kútvölgyi-dűlő, dans la région de Pannonie en Hongrie, qui était autrefois une colonie romaine. La dernière phase d’occupation du site remonte au début du Moyen Âge, après la chute de l’Empire romain d’Occident.

Les chercheurs s’interrogent encore sur la signification de cet enterrement unique. Ils ont cependant émis différentes hypothèses. Selon eux, il est notamment possible que les chiens aient été tués lors d’un affrontement avec le lynx ou que l’enterrement ait eu une signification rituelle.
Victoria Moses, zooarchéologue à l’Université Harvard et co-auteure de ces travaux, souligne qu’il est important de ne pas surinterpréter cette découverte, mais que la probabilité d’un rituel reste selon elle élevée compte tenu de la présence d’un animal aussi unique dans un contexte funéraire.
En l’absence de documents écrits ou ethnographiques supplémentaires sur la perception du lynx au début du Moyen Âge, cette découverte demeure un mystère fascinant qui pourrait enrichir notre compréhension de cette période de l’histoire.
Les détails de l’étude sont publiés dans l’International Journal of Osteoarchaeology.
