Mais enfin, pourquoi des macaques chevauchent-ils des cerfs ?

Crédits : Alexandre Bonnefoy / Éditions Issekinicho

En janvier dernier, nous découvrions les images d’un macaque alors en pleine saillie sur un cerf Sika, une « pratique sexuelle hors norme » comme le suggéraient les scientifiques. Mais une étude approfondie du sujet montre que ces relations ne sont pas si rares.

Il y a près d’un an en janvier dernier, la vidéo ci-dessous avait fait le tour du monde. On y voyait un macaque tenter de s’accoupler avec deux cerfs Sika dans une forêt japonaise. « Il serait intéressant de continuer à observer ces groupes masculins de macaques japonais à Yakushima car cette espèce est connue pour présenter des comportements culturels et un apprentissage social. En conséquence de ne pas avoir accès aux femelles, ces mâles périphériques pourraient socialement apprendre à avoir une interaction sexuelle avec les cerfs Sika afin de diminuer leur frustration sexuelle » déclarait à l’époque Cédric Sueur, un membre de l’équipe d’observation interrogé par le New Scientist.

Une étude approfondie a été menée par des scientifiques de l’Université de Lethbridge, au Canada, et celle-ci semble démontrer que cette pratique que l’on pensait hors norme est en réalité bien plus courante qu’on ne le croit. En effet, en l’espace de quelques mois, ils ont pu observer près de 260 actes sexuels entre ces deux espèces. Ils ont également constaté que cela ne concerne absolument pas que les macaques mâles mais que des femelles chevauchent également des cerfs.

« À notre connaissance, il s’agit du premier rapport d’étude quantitatif sur un comportement sexuel hétérospécifique entre un primate non humain et une espèce non primate dans des conditions de liberté », explique l’article publié dans la revue Archives of Sexual Behavior.

Pour expliquer le caractère fréquent de ces relations inter-espèces, les chercheurs avancent déjà le fait qu’ils vivent sur une même aire de vie, car les cerfs aiment grignoter les restes de nourriture laissés à l’abandon par les macaques japonais. De plus, leur période d’accouplement s’avère être la même.

Mais au-delà, les scientifiques pensent que les jeunes femelles pourraient s’adonner à cette pratique pour explorer leur sexualité ou pour s’entraîner sur les cerfs. Leurs relations avec ces animaux leur permettraient de combler le manque ressenti du fait du peu de désir sexuel dont font preuve leurs mâles, qui eux délaissent les jeunes femelles pour celles qui sont plus âgées mais aussi… pour les cerfs. Ou peut-être que c’était à l’origine des interactions ludiques qui sont devenues sexuelles. « De futures observations sur ce site indiqueront si cette singularité sexuelle spécifique à un groupe était une lubie de courte durée ou le début d’un phénomène culturellement maintenu », conclut l’étude.