Ces empreintes laissées par des enfants ont plus de 200 000 ans

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Crédits : Matthew Bennett

Il y a environ 200 000 ans, des enfants d’une espèce d’homininés encore indéterminée ont imprimé leurs empreintes de mains et de pieds dans la boue à plus de 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer, sur le plateau tibétain. Ces impressions fournissent les plus anciennes premières preuves d’ancêtres humains habitant la région.

Une découverte exceptionnelle

David Zhang, de l’Université de Guangzhou en Chine, a repéré pour la première fois ces traces il y a quelques années lors d’une expédition vers une source thermale fossile à Quesang, sur le plateau tibétain. On dénombre aujourd’hui cinq empreintes de mains et autant d’empreintes de pas. D’après la méthode de datation par l’uranium-thorium, ces impressions auraient été imprimées il y a environ 169 000 à 226 000 ans dans du travertin. Lorsqu’elle est déposée pour la première fois, cette une roche sédimentaire calcaire forme une boue très fine. Une fois coupé de l’eau, le travertin durcit en pierre.

Et à en juger par leur taille, l’équipe du Dr. Zhang suggère qu’elles ont été faites par deux enfants, l’un de la taille d’un enfant moderne de sept ans, l’autre de la taille d’un enfant de douze ans. En revanche, on ne peut déterminer avec certitude à quelle espèce ils appartenaient. « Les Denisoviens sont une possibilité », mais « Homo Erectus habitait également la région », souligne Matthew Bennett, co-auteur de l’étude, à LiveScience.

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Crédits : Gabriel Ugeto

Toujours est-il que ces empreintes fournissent les plus anciennes preuves de la présence d’hominidés à Quesang, souligne le rapport publié dans le Science Bulletin. Ceci étant dit, « il y a de plus en plus de preuves que des humains archaïques se trouvaient autour du plateau tibétain à la même époque », ajoute Matthew Bennett. Des chercheurs ont notamment récemment découvert une mandibule de Dénisovien d’au moins 160 000 ans dans la grotte de Baishiya, au nord-est du plateau tibétain. Ces nouveaux restes osseux pourraient ainsi remonter à la même période.

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Certaines des empreintes conservées. Crédits : Matthew Bennett

Une forme d’art pariétal ?

Dans le rapport, les auteurs soutiennent que ces traces pourraient également être considérées comme de l’art pariétal (décor d’un mur, d’une paroi), dans la mesure où elles semblent avoir été laissées délibérément. Si ces estampes sont effectivement qualifiées d’art pariétal, elles seraient alors le plus ancien exemple connu du genre jamais découvert, mais tout le monde n’est pas d’accord. Ce que nous pourrions définir comme de l’art n’était en effet peut-être pas vu du même œil par les personnes qui en sont à l’origine.

Pour Michael Meyer, de l’Université d’Innsbruck en Autriche, qui n’a pas participé à l’étude, « classer ces traces humaines comme de l’art est quelque chose qui n’a finalement qu’une importance secondaire ». D’après le chercheur, les implications les plus intéressantes sont que des ancêtres ou cousins humains ont occupé le haut plateau tibétain beaucoup plus tôt qu’on ne le pensait auparavant. Cela soulève donc des questions sur l’espèce concernée, et sur la manière dont elle est arrivée pour la première fois sur le plateau.