En début d’année, Donald Trump a ordonné la construction d’un système spatial de défense antimissile déployant des armes hypersoniques à partir d’orbites de stockage autour de la Terre. Pourquoi l’efficacité d’un tel dispositif est-elle limitée ?
Des intercepteurs de missiles dans l’espace
La récente actualité au Moyen-Orient donne l’occasion de discuter du Dôme de fer, le système de défense aérienne mobile d’Israël. A l’origine, ce dispositif en place depuis 2011 avait pour objectif d’intercepter les roquettes et obus de courte portée provenant principalement de la bande de Gaza. Pourtant, ce dernier a été mis à rude épreuve par les frappes en provenance d’Iran, lors de ce que l’on nomme désormais la « Guerre des douze jours » – du 13 au 24 juin 2025. En effet, certains missiles iraniens ont pénétré le Dôme de fer et causé divers dégâts sur le territoire israélien.
Cependant, il est important de rappeler qu’aucun système d’arme n’est totalement infaillible et ceci prévaut aussi pour le dispositif israélien. Bien que considéré comme étant une prouesse technologique, le Dôme de fer est efficace à hauteur de 90% selon les experts, ce qui lui vaut le surnom de « parapluie troué ayant au moins le mérite d’exister ».
Le Dôme de fer peut servir de base de réflexion pour tenter d’évaluer la portée d’un autre projet, à savoir le Dôme d’or, dont la construction a été ordonnée en début d’année 2025 par le président étasunien Donald Trump. La principale différence n’est autre que la présence de détecteurs et d’intercepteurs dans l’espace, dont la mission est de repérer et détruire des missiles avant que ceux-ci n’atteignent les États-Unis.
Défendre face à plusieurs types d’armes
La Fondation Heritage – un think tank très conservateur – est à l’origine du Project 2025, un ensemble de plus de 900 pages de propositions politiques conservatrices de droite ayant fortement inspiré les premiers mois du gouvernement Trump. Or, une menace en particulier est brandie dans ce document : les armes balistiques de longue portée, qui équiperaient de plus en plus de pays aux quatre coins du globe. Le futur Dôme d’or développé par Lockheed Martin aura donc la mission d’intercepter les missiles balistiques intercontinentaux mais également et surtout, les missiles de croisière, les armes hypersoniques et autres systèmes de bombardement orbital fractionné (FOBS).
Si les missiles balistiques sont assez faciles à repérer, l’entreprise est beaucoup moins simple en ce qui concerne les missiles de croisière et autres planeurs hypersoniques. En effet, ces derniers volent à basse altitude et sont plus facile à manœuvrer. Quant aux FOBS, ceux-ci se placent en orbite dans l’espace et quittent leur position à proximité de leur cible. Il n’est donc aucunement question de limite de distance et leur trajectoire dévoile leur cible au dernier moment.

Une fiabilité partielle
Pour rappel, il existe déjà des systèmes de détection dans l’espace. Cependant, le seul système étasunien capable d’intercepter des missiles est le Ground-based Midcourse Defense (GMD), se trouvant au sol et géré par des bases militaires situées en Alaska et en Californie. Comme son nom l’indique, le dispositif peut seulement intercepter les objets dans leur phase « mi-course ». Ainsi, les missiles ont le temps de déployer des contre-mesures, notamment des leurres. De plus, cette phase durant laquelle le missile est en pleine accélération dure à peine quelques minutes. Dans les faits, l’intercepteur doit idéalement se trouver à moins de 500 km du site de lancement et être capable de filer à une vitesse d’au moins 18 000 km/h.
Surtout, si le GMD est performant au niveau des missiles balistiques, du fait de la relative facilité de prédiction de leur trajectoire, la tâche se complique grandement pour les planeurs hypersoniques et des FOBS. La difficulté est encore plus grande dans le cas où plusieurs objets se dirigent vers le pays au même moment. En somme, il ne fait aucun doute que la fiabilité du futur Dôme d’or sera partielle, bien que son taux de fiabilité relève encore du mystère. Rappelons enfin qu’il est ici question de défendre le territoire des États-Unis, dont la superficie est tout de même 18 fois plus imposante que celle de la France.
