Les États-Unis travaillent actuellement à la conception de missiles nucléaires hypersoniques. Les premiers devraient d’ailleurs faire l’objet de tests dès 2022. Toutefois, une étude entretient le doute concernant leurs performances. Certains spécialistes estiment en effet que ces missiles apporteront certes certaines nouveautés. Néanmoins, ils ne constitueront pas une révolution, ni même une évolution.
Des missiles filant à Mach 5
La DARPA, l’agence de recherche et développement du département de la Défense étasunienne, prépare de nouveaux engins plutôt effrayants. Elle cherche en effet à concevoir des missiles nucléaires hypersoniques capables de parcourir plus de 1 600 km en moins de 30 minutes, comme l’expliquait Popular Mechanics dans un article du 15 janvier 2021. Ces missiles OpFires devraient être conçus, fabriqués et testés dès 2022. Par ailleurs, la DARPA travaille aussi sur des fusées miniatures pour embarquer ces fameux missiles.
Comment cela fonctionne-t-il ? Depuis le sol, les opérateurs tireraient une fusée s’élevant dans les airs, sans pour autant sortir de l’atmosphère, à la manière d’un missile balistique. La fusée en question traverserait alors atmosphère à Mach 5 (6 174 km/h), soit cinq fois la vitesse du son. Une fois arrivé au-dessus de la cible, l’engin expédie le missile à une vitesse similaire.
Concernant la portée du missile, il serait par exemple possible d’atteindre des pays tels que la Colombie ou le Venezuela depuis la côte est des États-Unis. Par ailleurs, une telle rapidité d’exécution mettrait à mal toute tentative ennemie d’intercepter le missile ou de se préparer à l’impact.
Des performances exagérées ?
Face aux promesses de la DARPA, certains experts ne sont pas aussi confiants. C’est le cas de David Wright, physicien au MIT ayant publié une étude sur la question dans la revue Science & Global Security le 16 janvier 2021. L’intéressé estime que ces missiles ne représenteront pas une révolution ni même une évolution, et ce, malgré l’apparition de certaines nouveautés. Ses simulations informatiques démontrent que les trajets intercontinentaux des missiles hypersoniques sont plus longs que ceux de leurs équivalents balistiques.
Par ailleurs, ces mêmes missiles seraient détectables par les satellites ennemis durant la majeure partie de leur temps de vol. Soutenu par d’autres experts en la matière, David Wright pense que les performances annoncées sont exagérées. L’objectif de ces ambitieuses annonces serait en effet de continuer à attirer les financements. Dans une réponse relayée par le New York Times, le Pentagone a affirmé que l’étude du physicien était biaisée, en raison de données trop anciennes. En revanche, le département de la Défense a refusé d’en dire davantage pour étayer ses critiques.