Des tonnes de gaz à effet de serre menacent d’être libérées en Alaska

Permafrost pergélisol
Crédits : Wikimedia Commons / Brocken Inaglory

Une étude confirme une fois de plus que le réchauffement de la planète pourrait entraîner la libération de tonnes de gaz à effets de serre autour du cercle polaire. Des concentrations qui, jusqu’à présent, n’ont jamais été prises en compte dans les modèles climatiques.

Une bombe à retardement

Typique des régions arctiques, le pergélisol est un sol gelé depuis des milliers d’années. Ces terres recouvrent environ 25 % des surfaces émergées dans l’hémisphère Nord. Soit l’équivalent de la superficie du Canada. C’est également le plus gros réservoir de carbone continental de la planète, avec environ 1 700 milliards de tonnes de carbone d’origine végétale accumulées depuis la dernière glaciation. Problème, avec le réchauffement climatique, le pergélisol se présente comme une véritable bombe à retardement. Si la totalité de ce carbone venait à être relâchée dans l’atmosphère, les conséquences pour notre planète pourraient être dramatiques.

Des recherches antérieurs ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Mais jusqu’à présent, ces gaz à effet de serre contenus n’ont jamais été pris en compte dans les modèles climatiques. Il serait peut-être temps. En témoigne cette nouvelle étude menée en Alaska. Les perturbations dans cette zone pourraient en effet aggraver les effets du réchauffement climatique, avertissent des chercheurs du Oak Ridge National Laboratory dans la revue PNAS.

Expériences en Alaska

Pour connaître la réponse des milliards de microbes à la hausse des températures globales, les chercheurs se sont rendus près du parc national de Denali. Six blocs de terrains – chacun espacé de 100 mètres – ont été marqués en septembre 2008. Les chercheurs ont également installés des « barrières à neige » autour de chaque parcelle dans le but d’augmenter la température à l’intérieur de chaque bloc. Au final, les chercheurs ont réussi à contraindre une hausse de la température d’environ 1,1 degré Celsius par rapport à des parcelles témoins.

L’idée, ensuite, consistait à prélever des morceaux de sol expérimental et témoin, un an et demi puis 4,5 ans après la mise en place de ces structures. Les chercheurs ont prélevé des échantillons dans une zone située entre 15 et 25 centimètres de profondeur. Puis dans une zone entre 45 à 55 centimètres. La première zone représente un sol gelé en hiver mais qui dégèle pendant les mois les plus chauds (mai à septembre). La seconde contient des terres qui ne dégèlent que pendant quelques semaines seulement.

pergélisol
La fonte du pergélisol pourrait libérer des tonnes de gaz à effet de serre. Crédits : Pixabay.

Des tonnes de gaz à effet de serre potentiellement libérés

Les chercheurs ont ensuite séquencé l’ADN des microbes vivants dans chaque échantillon. Ils ont alors découvert qu’à une profondeur de 45 à 55 centimètres, l’abondance relative des gènes impliqués dans la production de méthane augmentait avec le réchauffement. Les organismes prélevés dans la couche supérieure, eux, présentaient davantage de gènes impliqués dans la respiration du carbone organique. Autrement dit, avec une augmentation de la température de 1,1 degrés C., les libérations de dioxyde de carbone et de méthane ont été multipliées. Comme prévu.

« Nous avons constaté que les communautés microbiennes réagissaient assez rapidement, en l’espace de quatre ou cinq ans, à un réchauffement même modéré, explique Kostas T. Konstantinidis, principal auteur de l’étude. En raison de la très grande quantité de carbone contenue dans ces systèmes, il devient de plus en plus clair que ces microbes, en particulier ceux des latitudes septentrionales – et leurs activités doivent être représentées dans des modèles climatiques« .

Il ne faut en effet surtout pas sous-estimer notre adversaire. Si vous voulons mettre en place des moyens de lutte efficaces contre le réchauffement climatique, il est primordial de prendre en compte tous les facteurs contribuants.

Source

Articles liés :

Nos sacs en plastique libèrent des gaz à effet de serre

Ces 100 entreprises sont responsables de 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre

Ils mettent au point un matériau “aspirant” les gaz à effets de serre