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Des « nanocorps » obtenus à partir d’anticorps de lama pourraient révolutionner la lutte contre la schizophrénie !

Des chercheurs français ont récemment conçu des « nanocorps » à partir d’anticorps de lama. L’objectif ? Cibler un type de récepteurs du cerveau jouant un rôle clé dans la schizophrénie. Selon les scientifiques, ces nanocorps ont déjà permis de corriger les troubles cognitifs observés chez deux spécimens de souris. L’espoir de voir arriver une nouvelle génération de traitements contre la schizophrénie est donc permis.

De nouvelles perspectives pour la prise en charge de la schizophrénie

Touchant environ 1% de la population mondiale, la schizophrénie est une maladie psychiatrique se caractérisant par un ensemble de symptômes très variables, dont les plus impressionnants sont les délires et autres hallucinations. Toutefois, les personnes touchées sont principalement impactées par le retrait social et les difficultés cognitives. Actuellement, le traitement de cette maladie repose principalement sur des antipsychotiques, ainsi que des séances de psychothérapie et de rééducation. Dans les cas les plus extrêmes, les médecins ont recours à la clozapine, un antipsychotique puissant. Néanmoins, ces traitements n’ont que très peu d’effets sur les troubles cognitifs rendant infernale la vie des patients au quotidien.

Et s’il était possible d’améliorer considérablement la lutte contre la schizophrénie ? Des scientifiques du CNRS, de l’Inserm et de l’Université de Montpellier ont justement mené des travaux explorant cette question, dont les résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue Nature le 23 juillet 2025. Les spécialistes disent avoir obtenu des « nanocorps » (mini-anticorps) à partir de anticorps de lama. Pour les chercheurs, ces travaux pourraient ouvrir la voie vers une nouvelle piste thérapeutique contre la schizophrénie.

« Notre étude ouvre de nouvelles perspectives pour la prise en charge clinique des maladies cérébrales grâce à des immunothérapies à base de nanocorps utilisant une administration périphérique à basse fréquence. », peut-on lire dans l’étude.

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Bientôt une nouvelle piste thérapeutique contre la schizophrénie ?
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Une amélioration dès la première injection

Originaires d’Amérique du Sud, les lamas possèdent un type particulier d’anticorps, que les scientifiques ont utilisé afin de produire des nanocorps. Or, ces derniers peuvent traverser plus facilement la barrière biologique protégeant les cellules du cerveau – la barrière hémato-encéphalique – et donc, seraient plus efficaces que les anticorps actuels. La clé se trouve dans leur capacité à activer spécifiquement un récepteur au glutamate jouant un rôle crucial dans la régulation de l’activité des neurones.

Biodégradables, limitant les effets secondaires et pouvant s’administrer par voie veineuse ou musculaire (injection périphérique), ces nanocorps ont déjà permis de corriger les troubles cognitifs observés chez deux modèles murins (souris). Selon les auteurs de l’étude, les fonctions cognitives des cobayes se sont améliorées dès la première injection et ce, avec un effet prolongé durant plus d’une semaine.

Enfin, ces travaux confirment le potentiel des nanocorps comme nouvelle stratégie thérapeutique pour agir sur le cerveau. En revanche, le chemin reste encore long. Effectivement, d’autres études cliniques seront nécessaires pour déterminer si la capacité des nanocorps à corriger les troubles cognitifs incarne réellement ou non une nouvelle piste de traitement de la schizophrénie. En cas de résultats positifs, il est possible que dans un avenir plus ou moins proche, au-delà de la schizophrénie, d’autres maladies neurologiques soient concernées par un tel traitement.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.