Il y a peu, la centrale nucléaire de Gravelines a été mise à l’arrêt. En cause, des méduses ayant saturé les systèmes de filtration d’eau. Évidemment, cet incident touchant l’une des plus importantes centrales nucléaires de France relève d’un phénomène très rare.
L’intégralité des réacteurs à l’arrêt
Mise en service en 1980, la centrale nucléaire de Gravelines abrite six réacteurs pour une puissance net de 5 460 MWe. En 2024, cette installation avait produit pas moins de 32,71 TWh, soit l’équivalent de 60 à 70% des besoins annuels en électricité de la région Hauts-de-France. Comme le révélait France Bleu du 11 aout 2025, la centrale est à l’arrêt en raison de la « présence massive et non prévisible de méduses » dans les stations de pompage. Dans un premier temps, trois réacteurs ont été stoppés simultanément, puis un quatrième. Par ailleurs, les deux autres réacteurs de la centrale ne sont pas actifs pour des raisons de maintenance. Ainsi, aucun des six réacteurs ne fonctionne jusqu’à nouvel ordre.
Il faut savoir qu’il s’agit ici d’un arrêt automatique. En effet, les stations de pompage ont aspiré des méduses en grande quantité, en provenance d’un canal alimenté par la mer du Nord. Si ces dernières ont passé les premières filtres, les tambours filtrants ont fini par saturer et se bloquer. Ainsi, l’eau ne passait plus et conformément à leur dispositif de sûreté et de protection, les réacteurs ont enclenché l’arrêt d’urgence.
Selon EDF, cet arrêt n’a pas eu de conséquences sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel, ni même l’environnement. Par ailleurs, l’incident n’aurait pour l’instant pas engendré de problèmes d’alimentation en électricité. En effet, une solution a été trouvée avec le Réseau de transport d’électricité (RTE). Depuis l’incident, les équipes se mobilisent pour relancer les quatre réacteurs.

Crédits : Douchet Quentin
Un problème favorisé par les activités humaines
Selon EDF, la présence de ces animaux dans les tambours filtrants de la centrale n’est pas prévisible. La mer du Nord abrite plusieurs espèces de méduses et ces dernières ont tendance à se rapprocher du littoral lorsque les températures augmentent, ce qui est actuellement le cas. De plus, cette mer tendance à se réchauffer davantage et peut-être de manière plus fréquente sous l’effet du dérèglemente climatique. Stéphane Hénard, ancien responsable du Centre national de la mer Nausicaa a rappelé que les courants sont également susceptibles de favoriser l’arrivée de méduses sur les littoraux en mer du Nord et dans la Manche. De plus, des échouages plus massifs que d’ordinaire sont constatés depuis au moins une dizaine d’années.
Au delà du dérèglement climatique et des courants, le problème est favorisé par les activités humaines. Les méduses sont friandes de plancton, de petits animaux se nourrissants eux-mêmes de sels minéraux dont la présence près des côtes est plus importante. Il est possible de citer les nitrates des pesticides s’écoulant depuis les terres agricoles ou encore, les phosphates relatifs aux activités urbaines, provenant notamment des produits que l’on utilise pour la lessive, entre autres.
Enfin, il faut savoir qu’au niveau de la centrale, la filtration de l’eau est très importante. En effet, il s’agit de protéger les pompes et les échangeurs thermiques en évitant que des éléments solides bouchent ou endommagent le système. Cependant, il est aussi primordial de maintenir un débit d’eau suffisant pour assurer une température optimale dans les installations. Autrement dit, une saturation des filtres remet en cause le refroidissement des réacteurs, d’où le déclenchement de l’arrêt d’urgence.
