Des centaines d’empreintes humaines fossilisĂ©es retrouvĂ©es en Tanzanie

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Crédits : Cynthia Liutkus-Pierce

Une équipe de chercheurs annonce avoir identifié plus de 400 empreintes humaines fossilisées en Tanzanie. La plus grande collection jamais découverte sur le continent africain.

De nouvelles recherches publiĂ©es dans Scientific Reports dĂ©crivent 408 empreintes humaines imprimĂ©es sur le site d’Engare Sero, dans le nord de la Tanzanie. Kevin Hatala et son Ă©quipe d’anthropologues de l’UniversitĂ© Chatham Ă  Pittsburgh (États-Unis), Ă  l’origine de ces travaux, estiment qu’elles ont probablement Ă©tĂ© faites durant le PlĂ©istocène supĂ©rieur, il y a entre 12 000 et 10 000 ans.

« Les empreintes de pas qui sont faites dans des substrats mous sont souvent effacées par des processus naturels, explique le chercheur. Mais de temps en temps des circonstances exceptionnelles permettent de conserver des empreintes de pas dans les archives géologiques ».

Dans ce cas prĂ©cis, les empreintes semblent s’ĂŞtre imprimĂ©es dans une coulĂ©e de boue dĂ©gagĂ©e par un volcan voisin : le Ol Doinyo LengaĂŻ. « Les traces ont Ă©tĂ© faites alors que les cendres volcaniques Ă©taient encore humides, poursuit le chercheur. Une fois sĂ©chĂ©es, elles ont alors durci comme du bĂ©ton. La surface a ensuite probablement Ă©tĂ© rapidement recouverte par d’autres sĂ©diments ».

Deux tableaux différents

En analysant la taille et l’orientation des empreintes, ainsi que les distances les sĂ©parant, et en se basant sur la taille des pieds humains d’aujourd’hui, les chercheurs ont pu dĂ©duire la vitesse de marche, la taille corporelle relative et mĂŞme le sexe des individus.

Ils ont également pu distinguer plusieurs pistes individuelles réparties en deux tableaux. Autrement dit, deux jeux de pistes se distinguent, probablement imprimés à des moments différents par deux groupes distincts.

La première scène a rĂ©vĂ©lĂ© six pistes diffĂ©rentes, avec des individus se dirigeant dans la direction nord-est. Leur analyse n’a pas permis d’estimer le nombre de personnes reprĂ©sentĂ©es. En revanche, nous savons que certaines d’entres elles marchaient, tandis que d’autres couraient.

La seconde scène, plus prĂ©cise, implique un groupe de 17 personnes composĂ© de 14 femmes adultes, de deux hommes adultes et d’un jeune garçon. Le groupe se dĂ©plaçait ensemble Ă  un rythme de marche normal, dirigĂ© dans la direction opposĂ©e (sud-ouest).

Le fait que tant de femmes soient regroupĂ©es dans ce tableau suggère qu’elles partaient probablement ensemble en quĂŞte de nourriture, accompagnĂ©es par quelques hommes. Ce type de comportement est notamment bien documentĂ© chez les chasseurs-cueilleurs modernes vivant en Afrique, tels que les cultures Ache et Hadza, soulignent les auteurs.

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L’une des 408 empreintes humaines conservĂ©es Ă  Engare Sero en Tanzanie. CrĂ©dits : William Harcourt-Smith

Des interprétations sujettes à débat

Ce ne sont en effet que des suppositions, basĂ©es sur ce que nous rĂ©vèlent ces empreintes comparĂ©es Ă  celles d’humains plus « modernes ». Mais il n’est pas impossible d’imaginer que les communautĂ©s passĂ©es ne prĂ©sentaient en rĂ©alitĂ© pas les mĂŞmes diffĂ©rences de taille entre individus d’âge et de sexe diffĂ©rents. Ces analyses d’empreintes fossilisĂ©es ne sont donc pas infaillibles.

« Par exemple, il est difficile de diffĂ©rencier l’empreinte d’un jeune adulte de celle d’un adolescent, admet Kevin Hatala. Peut-ĂŞtre que certains membres du groupe que nous estimons ĂŞtre des femmes adultes Ă©taient en rĂ©alitĂ© des adolescents de diffĂ©rents sexes. Cette nouvelle composition de groupe pourrait alors avoir des implications comportementales très diffĂ©rentes ».

Quoi qu’il en soit, conclut le chercheur, « le modèle que nous estimons est intrigant, et nous espĂ©rons que cette Ă©tude mettra en Ă©vidence l’utilitĂ© potentielle des empreintes fossiles pour identifier les modèles de comportement dans les archives fossiles ».

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