Une étude suggère que les populations humaines présentes en Indonésie il y a 74 000 ans ont bel et bien survécu à l’éruption explosive du supervolcan Toba.
Il y a environ 74 000 ans, la Terre s’est fâchée, déclenchant une super-éruption volcanique sur l’île de Sumatra, en Indonésie. Sa caldeira forme aujourd’hui le lac Toba. Cet événement fut d’une intensité exceptionnelle. Son indice d’explosivité est en effet estimé à huit sur l’échelle VEI, ce qui est la plus haute valeur possible. On pense qu’un « hiver volcanique » s’est alors développé pendant près d’une dizaine d’années, entraînant ensuite un refroidissement global de la planète pendant près de mille ans.
Cette éruption n’a pas seulement été la plus importante essuyée par notre planète au cours des deux derniers millions d’années. Elle a également coïncidé avec certaines des premières migrations humaines hors d’Afrique qui visaient à rejoindre l’Asie. Alors forcément, beaucoup se sont demandé quel impact un tel événement aurait pu avoir sur ces populations.
L’une des théories avancées suggère que la plupart se sont éteintes, retardant finalement notre migration vers l’Est. Toujours selon cette idée, les Homo sapiens ayant survécu en Afrique à cette époque auraient ensuite opéré une seconde grande migration dans la région environ 14 000 ans après l’éruption.
Cependant, est-ce vraiment le cas ? Une étude publiée dans la revue Nature Communications soutient que ce n’est pas le cas : nos ancêtres ont survécu.
Résilience humaine
Une équipe de géologues de l’Université du Queensland explique en effet avoir retrouvé des outils en pierre sur le site de Dhaba, dans le centre de l’Inde, suggérant que des humains sont arrivés sur le site il y a au moins 80 000 ans et qu’ils y sont restés jusqu’à il y a au moins 48 000 ans.
Par ailleurs, ces outils semblent également partager des caractéristiques similaires avec ceux fabriqués en Afrique à la même époque ou ceux retrouvés en Australie il y a 65 000 ans. Autrement dit, on remarque une continuité technologique de l’Ouest jusqu’à l’Est, le long de la route migratoire empruntée par nos ancêtres.
Si cette super-éruption avait effectivement eu un impact considérable sur ces populations, les auteurs soulignent qu’il y aurait eu un déficit de production d’outils. Or, ça n’a visiblement pas été le cas. Ces humains ont donc survécu à la catastrophe. Cette étude semble également suggérer que cet « hiver volcanique » souvent mentionné a sans doute finalement été plus « doux » qu’on ne le pensait auparavant.
Soulignons enfin que si ces humains ont effectivement fait preuve d’une grande résilience au moment de la super-éruption, ils n’ont finalement pas énormément contribué aux pools de gènes modernes. Autrement dit, ces chasseurs-cueilleurs ont dû plus tard faire face à d’autres défis qui ont cette fois bel et bien menacé leur survie à long terme. L’Homme est résistant, mais il a aussi ses limites !
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