spermophiles arctiques
Un spermophile arctique de l'ère glaciaire. Crédits : Centre d'interprétation de la Béringie du Yukon

Il y a 30 000 ans, vous auriez trouvé cette boule de poils trop mignonne

Au premier regard, cette petite boule de poils pourrait paraître écœurante. Toutefois, il s’agit en réalité des restes momifiés recroquevillés d’un spermophile arctique vieux de 30 000 ans. La dépouille est si bien conservée que sa queue et ses petites griffes sont encore apparentes.

Les spermophiles arctiques, connus pour leur capacité à survivre à des conditions extrêmement froides, sont des petits mammifères de la famille des écureuils qui vivent dans les régions nordiques de l’Amérique du Nord. Pour passer les mois d’hiver, ils se creusent des terriers profonds dans la neige et stockent des provisions (graines, plantes, insectes et autres petits animaux).

Les spermophiles arctiques font partie de l’écosystème arctique depuis environ 2,6 millions d’années. Celui-ci n’est pas aussi vieux, mais il nous ramène tout de même à la fin du Pléistocène, il y a environ 30 000 ans.

Une préservation exceptionnelle

La découverte a été révélée il y a quelques jours par le Yukon Beringia Interpretive Centre qui est spécialisé dans la préservation de l’histoire naturelle et culturelle de la région de Béringie, une zone qui s’étend sur l’Alaska, le Yukon et la Sibérie. La dépouille momifiée de l’animal a été déterrée près de Hester Creek, dans les champs aurifères du Klondike, au sein du territoire traditionnel des Trʼondëk Hwëchʼin.

Selon une radiographie du corps, son squelette serait aussi incroyablement intact, bien qu’un peu recroquevillé.

« Ce n’est pas tout à fait reconnaissable jusqu’à ce que vous voyiez ces petites pattes et ces griffes. Vous voyez ensuite une petite queue, puis des oreilles« , détaille Grant Zazula, paléontologue au gouvernement du Yukon. « J’étudie les os tout le temps et ils sont passionnants. Mais quand vous voyez un animal parfaitement préservé, qui a 30 000 ans, et que vous pouvez voir son visage, sa peau, ses poils et tout ça, c’est tellement viscéral« .

Sa position recroquevillée suggère que l’animal est mort dans son sommeil, peut-être pendant son hibernation. Nous devons sa préservation au pergélisol (sol gelé « en permanence ») de la région. La congélation permise par ce type de sol empêche les micro-organismes et les insectes de décomposer les restes, ce qui permet de préserver les tissus mous et les os.

spermophile arctique
Source: DR
Le squelette du spermophile arctique. Crédits : Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon
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Voici à quoi aurait pu ressembler la créature. Crédits : Ryan Agar

À cette époque pas si lointaine, la région abritait encore un large éventail d’animaux préhistoriques, tels que des chevaux sauvages, des lions des cavernes ou des ours géants à face courte. Il y a trois ans, une équipe cette fois tombée sur les restes d’un louveteau momifié dans la région. Plus récemment, des mineurs du territoire traditionnel des Trʼondëk Hwëchʼin avaient également déterré le corps d’un bébé mammouth si bien conservé qu’une grande partie de sa fourrure et de sa peau était encore intacte.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.