Des paléontologues chinois et brésiliens ont révélé une preuve directe de l’alimentation végétale chez un ptérosaure du Crétacé : Sinopterus atavismus. En analysant son estomac fossilisé, les chercheurs ont identifié des phytolithes et des gastrolithes, révélant que ces reptiles volants utilisaient des pierres pour broyer les plantes, confirmant pour la première fois un régime herbivore chez cette espèce. Cette découverte éclaire d’un jour nouveau les habitudes alimentaires des premiers vertébrés à voler.
Une rare fenêtre sur l’alimentation des ptérosaures
Les ptérosaures, célèbres reptiles volants du Mésozoïque, fascinent les scientifiques depuis des décennies. Bien que leur capacité de vol motorisé soit bien documentée, leurs habitudes alimentaires restent largement mystérieuses. Les hypothèses couvrent un large spectre : insectivorie, piscivorie, carnivorie, herbivorie ou régimes mixtes. Cependant, les preuves directes sont extrêmement rares.
Avant cette étude, seuls quelques spécimens présentaient un contenu stomacal conservé, principalement Rhamphorhynchus du Jurassique supérieur en Allemagne, dont l’estomac contenait surtout des restes de poissons. La découverte de 320 phytolithes dans l’estomac de Sinopterus atavismus, accompagnée de gastrolithes, constitue donc un jalon majeur. Ces structures microscopiques de silice formées par les plantes permettent de relier directement le régime alimentaire à l’individu fossile, tandis que les pierres gastriques indiquent un mécanisme de broyage des végétaux.

Confirmer un régime herbivore
Pour s’assurer que ces découvertes indiquaient vraiment un régime végétal, les chercheurs ont méthodiquement écarté d’autres explications. Les roches environnantes ne contenaient aucun phytolithe similaire, éliminant toute possibilité de contamination. De plus, l’absence de traces d’os, d’écailles ou de carapaces d’insectes dans l’estomac rend improbable l’hypothèse de la consommation d’autres animaux ou de proies molles.
Les gastrolithes, pierres utilisées pour broyer les aliments, renforcent cette conclusion. Chez les animaux au métabolisme rapide comme Sinopterus, ils sont essentiels pour transformer les matières végétales dures en nutriments assimilables. Enfin, l’étude de proches parents comme Tapejara wellnhoferi montre que ces ptérosaures possédaient des mâchoires puissantes adaptées à la consommation de plantes. Ensemble, ces indices confirment que Sinopterus atavismus était un herbivore, utilisant à la fois son corps et des outils internes pour digérer la végétation.

Une avancée majeure pour la paléontologie
Cette découverte est significative à plusieurs niveaux. Elle constitue la première extraction de phytolithes sur un ptérosaure et le deuxième cas documenté de gastrolithes, apportant une preuve directe du régime alimentaire d’un reptile volant du Crétacé. Elle ouvre également la voie à de nouvelles études sur l’évolution des comportements alimentaires chez les ptérosaures et leur écologie.
En révélant comment Sinopterus combinait mâchoires puissantes et pierres gastriques pour consommer des plantes, les chercheurs apportent un éclairage inédit sur la diversité des stratégies alimentaires chez ces animaux disparus. Cette avancée permet non seulement de mieux comprendre l’histoire des ptérosaures, mais aussi de revisiter les hypothèses sur l’évolution du vol et de l’adaptation aux niches écologiques du Mésozoïque.
