De l’ammoniac détecté dans la basse atmosphère de la Terre pour la première fois

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Des scientifiques ont pour la première fois détecté des traces d’ammoniac dans la partie supérieure de la troposphère (la plus basse des couches atmosphériques de la Terre) notamment au-dessus de l’Inde et de la Chine.

La troposphère est la zone de l’atmosphère terrestre située entre 0 et 10 kilomètres d’altitude dans les zones tempérées. Elle représente les 5/6 de l’atmosphère terrestre et abrite les principaux événements météorologiques (nuages, orages, etc.). L’air y contient normalement de la vapeur d’eau, du gaz carbonique et des poussières (surtout de 0 à 3 km), mais pour la première fois, des scientifiques ont repéré des traces d’ammoniac dans la partie supérieure de la troposphère, les concentrations les plus élevées ayant été détectées au-dessus de l’Inde et de la Chine où la population et la croissance économique ont grimpé en flèche au cours de ces dernières années.

Une équipe de chercheurs de l’Institut de technologie de Karlsruhe, en Allemagne, ont en effet analysé les données satellitaires recueillies de juin à avril 2012. Ils ont alors identifié de l’ammoniac atmosphérique — l’un des composés azotés émis dans l’atmosphère lors des transformations microbiennes qui accompagnent le cycle de l’azote dans le sol — entre 12 et 15 km au-dessus du niveau de la mer dans la région qui surplombe la mousson asiatique. Des concentrations de 33 pptv (33 molécules d’ammoniac par billion de molécules d’air) ont notamment été repérées au-dessus du nord de l’Inde et au sud-est de la Chine. Une première qui résulte principalement des processus agricoles opérés en surface. L’agriculture est en effet responsable de 97 % des émissions d’ammoniac et émet quantité de particules fines, notamment via le brûlage à l’air libre de résidus agricoles.

Le problème est que ces aérosols agissent semblent influer sur les propriétés des nuages ​​existants. Comme l’explique la NASA, les aérosols peuvent modifier la taille des particules qui constituent les nuages et changer la façon dont ces derniers réfléchissent et absorbent la lumière du soleil en conduisant ainsi à la formation de brume et de levers et couchers de soleil beaucoup plus rougeoyants. Nous savons qu’une trop grande concentration d’ammoniac pollue donc l’écosystème local, mais l’accumulation de ces particules fines dans notre atmosphère pourrait atténuer les effets du réchauffement climatique. En effet, paradoxalement, l’accumulation d’ammoniac pourrait en effet avoir un effet de refroidissement en compensant en partie les effets de serre d’origine humaine. Le mal par le mal.

L’équipe allemande dont les résultats ont été publiés dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics entend quant à elle poursuivre la modélisation de l’ammoniac atmosphérique au-dessus de la Chine et de l’Inde à l’horizon 2017. Ces résultats devraient servir de base sur laquelle s’appuyer pour construire de meilleurs modèles climatiques.

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