Il y a une dizaine d’années, une britannique gravement atteinte par la maladie de Lyme a vu ses symptômes disparaitre rapidement après l’attaque d’un essaim d’abeilles. Pourtant, la patiente se trouvait en soins palliatifs, à l’article de la mort. Comment cela est-il possible ? Cette histoire étonnante a donné l’occasion de s’intéresser aux vertus thérapeutiques du venin des abeilles.
Une guérison en quatre jours après 15 ans de maladie
En 1996 à l’âge de 27 ans, la britannique Ellie Lobel contracte la maladie de Lyme après la morsure d’une tique. Le diagnostic exact fait son apparition après trois mois de symptômes grippaux et de douleurs atroces et surtout, après plusieurs consultations médicales dont les avis divergeaient. Physicienne de formation, Ellie Lobel a vécu jusqu’à l’âge de 45 ans avec la maladie de Lyme, avant un événement assez incroyable ayant fait l’objet d’une publication de la BBC en 2015.
Condamnée, en soins palliatifs et s’abandonnant à son sort, Ellie Lobel essuie soudainement l’attaque sévère d’un essaim d’abeilles africanisées (ou abeilles tueuses), lors d’une promenade près de son hôpital. Alors que cette attaque aurait dû s’avérer fatale pour la patiente, les fièvres et inflammations en lien avec la maladie de Lyme ont disparu quatre jours plus tard. Des analyses pratiquées sur place ont révélé une absence de la bactérie Borrelia burgdorferi, responsable de la pathologie.
Les scientifiques en charge de l’enquête ont attribué cette guérison au venin des abeilles, celui-ci contenant un peptide particulier (chaîne d’acides aminés) : la mélittine. Or, ce composé est capable de détruire les membranes des bactéries et par le passé, avait déjà montré des propriétés antibactériennes, antifongiques mais également, anti-inflammatoires dans le cadre d’études menées sur des rongeurs. Au même moment, d’autres laboratoires exploraient des pistes concernant des effets antiviraux et anticancéreux.

Crédits : Jamice Haney Carr / Pixnio
Apithérapie et recherches sur la mélittine
Ceci nous amène à évoquer l’apithérapie, une pratique de médecine non conventionnelle consistant à utiliser des « produits de la ruche » – dont le venin d’abeilles – afin d’améliorer la santé et le bien-être. Ce genre de substances naturelles contiennent en effet des composés bioactifs potentiellement capables de prévenir et/ou soigner diverses affections. Le 29 aout 2025 dans un article publié par le magazine Doctissimo, le Dr Gérald Kierzek affirmait que la polyarthrite rhumatoïde était la pathologie pour laquelle les preuves sont aujourd’hui les plus solides. En effet, des essais cliniques ont démontré que l’apithérapie permettait une réduction de la douleur, du gonflement et de la raideur des articulations.
Après sa guérison, Ellie Lobel a lancé un protocole de piqûres d’abeilles contre la maladie de Lyme et publié un ouvrage à destination des autres patients. Cependant, il faut savoir que les autorités sanitaires sensibilisent régulièrement la population en ce qui concerne l’automédication. Dans les faits, l’automédication par piqûres d’abeilles est en soi extrêmement dangereuse et peut même se montrer mortelle. En effet, la guérison d’Ellie Lobel reste un cas anecdotique relevant quasiment du miracle.
Enfin, les recherches au niveau de la mélittine sont évidemment toujours d’actualité. Au stade actuel, des versions synthétiques et encapsulées de la molécule sont mises en avant. Une piste en particulier retient l’attention, consistant à « couper » la molécule afin que cette dernière s’attaque seulement aux membranes de certaines cellules, par exemple les cellules cancéreuses, rendant ainsi la thérapie plus sûre. Néanmoins, il est important de souligner que pour l’heure, l’écrasante majorité des pistes actuelles n’ont pas dépassé le stade de la recherche fondamentale, ou des essais précliniques sur des animaux.
