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Comment les criminologues pourraient bientôt retrouver les armes imprimées en 3D grâce à leurs « empreintes digitales

Depuis quelques années, le phénomène des armes à feu provenant entièrement de l’impression 3D prend progressivement de l’ampleur. Dans la mesure où il s’agit d’armes non enregistrées, il n’existe logiquement aucune traçabilité. Néanmoins, un criminologue étasunien travaille sur un moyen de retrouver la provenance de ces armes et ce, grâce aux marques d’outils caractéristiques dans les pièces en plastique.

Les armes imprimées en 3D de plus en plus populaires

En 2013, un étudiant étasunien libertarien et pro-armes partage le fichier du « Liberator », une arme a feu entièrement imprimée en 3D et donc intraçable, mettant en péril les enquêtes criminelles. Depuis, les kits à imprimer permettant de fabriquer ce type d’armes se multiplient. Désormais, le phénomène est aujourd’hui mondial, touchant même la France. En 2024, la gendarmerie nationale (Unité Nationale Cyber) a collaboré avec Europol et la police belge afin de démanteler un important trafic d’armes provenant de l’impression 3D, après une enquête de deux ans.

« Le travail de l’ensemble de ces personnels a permis la saisie de 8 imprimantes 3D, de 7 armes complètes imprimées en 3D, et plus de 500 pièces détachés d’armes imprimées en 3D, 11 armes de poing conventionnelles de différents calibres, 13 armes d’épaule et plus de 1000 munitions également de différents calibres. », peut-on lire dans le communiqué officiel.

arme imprimées en 3D
Crédits : Unité Nationale Cyber

Des marques caractéristiques des imprimantes dans le plastique

Kirk Garrison est un criminologue travaillant pour le département du shérif de San Bernardino (États-Unis). Depuis l’apparition du phénomène, l’expert s’y intéresse de près et a publié une étude dans la revue Forensic Science International en 2023, en collaboration avec un ingénieur australien. Or, ses travaux se poursuivent encore aujourd’hui, comme l’indique le média 404 dans un article du 16 juillet 2025.

A l’aide d’observation au microscope, le spécialiste a remarqué l’existence de traces reconnaissables sur les pièces d’impression 3D, plus précisément  les marques caractéristiques des outils dans le plastique. Il s’agit d’un genre d’empreinte digitale permettant potentiellement de retrouver l’origine de l’arme. Lors de l’impression, le filament se répartit sur certaines lignes, indiquant un modèle d’imprimante spécifique. De plus, la texture du plateau chauffant métallique de l’imprimante laisse aussi des traces sur la pièce finale.

Une méthode prometteuse mais pas encore prête à être utilisée

Dans le cadre de ces travaux, Kirk Garrison a développé un algorithme permettant de déterminer la nature de la buse d’impression. Ainsi, il serait possible d’attribuer les pièces d’armes à tel ou tel modèle d’imprimante 3D et ce, avec un taux de réussite d’environ 75%. Logiquement, ces travaux pourraient susciter de grand espoirs au sein des effectifs de la police scientifique. Malheureusement,  le fait est que les données ne sont pas encore entièrement fiables. En effet, les analyses de Kirk Garrison se limitent aux imprimantes de type Prusa MK4S, un matériel facilement modifiable.

Par ailleurs, il est essentiel de rappeler que la traçabilité d’une arme au modèle d’imprimante 3D n’apporte potentiellement qu’une faible contribution à l’enquête. De plus, les méthodes médico-légales s’appliquent en général seulement en cas de soupçon de délit ou de crime. Dans un tel contexte, les travaux de Kirk Garrison n’ont pour l’heure aucune portée, malgré des résultats assez prometteurs. Cependant, si cette méthode n’est absolument pas prête à être utilisée pour l’instant, de futurs progrès pourraient largement changer la donne. Il n’est donc pas à exclure que dans un futur plus ou moins proche, ce moyen d’identification des armes imprimées en 3D devienne la norme.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.