thomas pesquet astronautes esa
L'astronaute français Thomas Pesquet quelques jours avant son second vol en direction de la station spatiale internationale. Crédits : SpaceX

Comment expliquer les maux de tête spatiaux des astronautes ?

Depuis les premières missions d’Apollo, les astronautes ont signalé des maux de tête récurrents pendant leurs séjours dans l’espace. Ces maux de tête, qui présentent des similitudes avec les migraines ou les céphalées de tension, ont intrigué les scientifiques pendant des décennies en raison de leur prévalence et de leur persistance. Une nouvelle étude a révélé l’ampleur du problème.

Un mal récurrent

Depuis les débuts du programme spatial, dès les missions historiques d’Apollo dans les années 1960 et 1970, les astronautes ont régulièrement fait état de maux de tête persistants. Ces rapports remontent aux premières missions habitées où les premiers explorateurs de l’espace ont commencé à décrire des sensations de douleur ou de pression pendant les phases d’apesanteur.

Ces maux de tête spatiaux ont été documentés tout au long de l’histoire de l’exploration spatiale, affectant une proportion significative des membres d’équipage lors de missions de différentes durées et à différentes distances de la Terre. Ils sont alors devenus une préoccupation persistante pour les agences spatiales du monde entier à cause de leur capacité à affecter le bien-être et les performances des astronautes pendant les missions spatiales, notamment en interférant avec leur capacité à se concentrer, à travailler efficacement, et à maintenir leur santé physique et mentale dans un environnement extrême et isolé.

Cette préoccupation continue autour des maux de tête spatiaux a récemment incité les chercheurs et les médecins spatiaux à étudier de plus près les causes sous-jacentes de ce phénomène et à chercher des moyens de les prévenir ou de les atténuer.

En examinant les journaux de bord de 24 astronautes et les données de santé de 42 autres, une équipe a découvert que 90% des astronautes souffrent de maux de tête dans la première semaine de leur séjour en microgravité. Ces maux de tête persistent pour 87% des concernés tout au long de la mission, tandis que plus de la moitié continuent à les ressentir après leur retour sur Terre.

rover lunaire
Eugene A. Cernan conduisant un rover lunaire lors de la mission Apollo 17. Crédits : NASA

L’origine des maux de tête spatiaux

D’après les auteurs, l’origine exacte des maux de tête spatiaux reste incertaine, mais l’hypothèse la plus plausible est une augmentation de la pression intracrânienne. Rappelons que sur notre planète, la gravité tire normalement les fluides corporels vers le bas, ce qui peut entraîner une certaine accumulation de liquides dans la partie inférieure du corps, notamment dans les jambes et le torse. Cependant, en apesanteur, cette force de gravité est considérablement réduite, ce qui entraîne une redistribution des fluides corporels.

Dans l’espace, ces fluides, y compris le sang et le liquide céphalo-rachidien qui entoure le cerveau et la moelle épinière, ont alors tendance à migrer vers le haut du corps en raison de l’absence de gravité. Cette redistribution peut entraîner une augmentation de la pression intracrânienne, c’est-à-dire la pression exercée à l’intérieur du crâne. En conséquence, le cerveau peut être soumis à une pression accrue, ce qui peut entraîner des maux de tête et d’autres symptômes associés. D’autres facteurs, tels que l’hypertension artérielle, le stress spatial et les changements hormonaux, pourraient également contribuer à ces maux de tête.

L’Agence spatiale européenne (ESA), consciente du problème, explore déjà des solutions potentielles, telles que des combinaisons spatiales qui modifient la pression corporelle, pour prévenir ces maux de tête chez les astronautes.

D’autres études nécessaires

Bien que l’étude, publiée dans Neurology, représente une avancée importante dans la compréhension des maux de tête spatiaux, elle présente certaines limites, notamment la taille réduite de l’échantillon et la subjectivité des déclarations des astronautes. Des recherches futures combinant les témoignages des astronautes avec des données biologiques sont donc nécessaires pour identifier les causes précises de ces symptômes.

À noter que la compréhension des maux de tête spatiaux ne se limite pas à l’exploration spatiale. Les connaissances acquises pourraient également contribuer au développement de meilleures options de traitement pour les céphalées de tension et les migraines sur Terre.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.