Dans les recoins des Andes colombiennes, des chercheurs ont récemment fait une découverte fascinante : des pépins de raisin fossilisés datant de 60 à 19 millions d’années. Cette trouvaille exceptionnelle, incluant le plus vieux raisin jamais découvert dans l’hémisphère occidental, ouvre une fenêtre sur l’histoire évolutive de la plante qui produit ce fruit emblématique.
Exploration des archives fossiles des Néotropiques
Les Néotropiques, une région vaste et tropicale englobant l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et les Caraïbes, fascinent depuis longtemps les scientifiques en raison de leur exceptionnelle biodiversité végétale. Cette diversité floristique, riche de milliers d’espèces endémiques, reste cependant entourée de mystères quant aux processus évolutifs qui l’ont façonnée au fil du temps.
Une des principales raisons de cette lacune réside dans le manque de données fossiles détaillées et bien conservées. Les archives fossiles, cruciales pour reconstituer l’histoire évolutive des plantes dans les Néotropiques, sont souvent rares et fragmentaires.
Les conditions climatiques tropicales, bien que favorables à la préservation dans certains cas, peuvent aussi se révéler inhospitalières pour la fossilisation, limitant ainsi la disponibilité des échantillons fossilisés, d’où l’intérêt de cette nouvelle découverte paléobotanique concernant les Vitaceae, la famille des raisins.
Une nouvelle perspective
Les Vitaceae, qui sont souvent associées aux régions tempérées de l’hémisphère nord, ont en effet été identifiées pour la première fois en tant que famille dans les Néotropiques grâce à la découverte de nouvelles espèces de graines fossilisées. Cette trouvaille marque un jalon significatif en apportant la première preuve tangible de Vitaceae dans un climat tropical. Elle ouvre ainsi de nouvelles perspectives sur leur histoire évolutive dans cette région tropicale.

Cela étant dit, les plus anciennes graines fossilisées de la famille des raisins datent de 66 millions d’années. Elles ont été découvertes en Inde et coïncident approximativement avec l’impact de Chicxulub, événement cataclysmique qui a marqué la fin des dinosaures non aviens et bouleversé les écosystèmes mondiaux. Ici, les pépins découverts sont vieux de 60 à 19 millions d’années, ce qui signifie que le raisin a commencé à se répandre dans le monde entier suite à cet événement d’extinction.
« Nous pensons toujours aux animaux, aux dinosaures, car ce sont eux qui ont été les plus touchés, mais l’extinction a également eu un impact énorme sur les plantes », selon Fabiany Herrera, auteur principal de l’étude et conservateur adjoint de paléobotanique au Field Museum de Chicago.
Les chercheurs pensent que cette dispersion des Vitaceae pourrait avoir été favorisée par la disparition des grands animaux, comme certains dinosaures qui, de par leur énorme gabarit, avaient tendance à éclaircir les forêts. Leur extinction aurait donc permis aux forêts de se densifier davantage, favorisant ainsi le déplacement des plantes grimpantes.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Plants.
