Aux États-Unis, des scientifiques ont manipulé génétiquement des mouches drosophiles afin d’induire chez ces dernières une addiction à la cocaïne. L’objectif ? Progresser dans la compréhension des ressorts biologiques de la dépendance. Il est ici question d’une avancée prometteuse, en théorie capable d’ouvrir la voie vers la mise au point de nouvelles thérapies et moyens de traitement.
Des mouches accros à la cocaïne
Rappelons tout d’abord que le terme addiction désigne tout attachement nocif à une substance (ou à une activité). En ce qui concerne l’addiction à la cocaïne, l’humanité fait face à un véritable problème de santé mondial. Malheureusement, toute la difficulté réside dans le traitement de ce problème, puisque les mécanismes biologiques à l’œuvre sont très complexes. Ainsi, de nombreux chercheurs tentent d’élaborer de nouveaux modèles dans le cadre de leurs expériences. La dernière preuve en date de l’avancée de ce type de travaux est une publication dans la revue JNeurosci le 2 juin 2025.
L’étude dirigée par l’Université d’état de l’Utah (États-Unis) a permis d’explorer la manipulation génétique chez les mouches drosophiles (ou mouches des fruits). Ici, ces insectes réfractaires à la cocaïne ont été transformés en individus véritablement accros à la dite substance.
Dans les faits, les drosophiles se tiennent naturellement à l’écart de la cocaïne, qu’elles trouvent très amère. Il s’agit ici d’un mécanisme leur permettant habituellement d’éviter les substances potentiellement toxiques. Cependant, les chercheurs de l’étude ont réussi à désactiver les récepteurs du gout amer chez les mouches, ce qui a induit chez ces dernières un comportement inédit.

Des résultats particulièrement intéressants
Selon les résultats des travaux, les drosophiles privées de leur capacité à détecter l’amertume ont développé une addiction à la cocaïne en seulement 16 heures ! Les auteurs ont également observé qu’à faibles doses, les mouches devenaient hyperactives mais qu’en cas de surdose, celles-ci devenaient incapables de se mouvoir. Or, ces comportements ont déjà été observés chez les humains consommant de la cocaïne. Pour les chercheurs, cette similitude donne un certain crédit à leur nouveau modèle.
De plus, les drosophiles sont assez proches des humains en termes de génétique, puisque 75% des gènes jouant un rôle dans les maladies humaines se retrouvent aussi chez ces mouches. Cette particularité génétique est particulièrement vraie pour l’alcool. Comme l’expliquent les auteurs, les drosophiles ont un cycle de vie court, une particularité permettant de mener rapidement des recherches afin de découvrir de nouveaux traitements.
Dans son Rapport Mondial sur les Drogues (PDF en français / 10 pages) publié en 2024, l’ONU indiquait qu’en 2022, l’offre de cocaïne a atteint un niveau record (2 700 tonnes). Cette quantité était 20% supérieure à celle de 2021 et trois fois plus importante qu’en 2013 et 2014. Le rapport évoquait surtout une multiplication des hospitalisations, des demandes de traitement et des décès, en particulier en Europe occidentale et centrale.
