L’ouest des États-Unis est très touché par des « mégafeux » de forêt chaque année. Si les gestionnaires forestiers font tout pour limiter les risques d’incendie, aucune pratique n’est parfaite. Selon un mycologue américain, les champignons pourraient parfois être d’un grand secours dans un cas précis.
De dangereuses piles de branchages
En 2022, nous nous interrogions sur les raisons pour lesquelles l’ouest des États-Unis, et notamment la Californie, était très régulièrement impacté par d’immenses feux de forêt. Cela s’explique plus particulièrement par un climat méditerranéen, le type de végétation de la région ou encore les vents saisonniers de Santa Ana. Toutefois, il existe d’autres explications possibles, évoquées dans un article publié par le Washington Post le 10 juillet 2023.
Tout d’abord, il faut savoir que d’ordinaire, le feu fait partie du fonctionnement normal de la forêt. Il s’agit cependant d’un paradoxe. En effet, les feux éliminent tout excédent de végétation qui pourrait faciliter la propagation des flammes. À l’origine de ces « feux contrôlés », nous retrouvons les gestionnaires de forêt qui effectuent notamment des coupes préventives. Toutefois, ces mesures ont un effet pervers. Effectivement, des piles de branchages s’accumulent un peu partout dans la forêt, augmentant ainsi les risques de propagation en cas d’incendie. D’après l’article, ces monticules représentent donc une menace dont il faudrait se préoccuper un peu plus.
Accélérer la décomposition des déchets végétaux
Le quotidien américain a interrogé le mycologue Zach Hedstrom. Ce spécialiste des champignons y évoque en effet l’intérêt des champignons qui ne se trouve pas dans la partie visible, mais plutôt au niveau du mycélium (voir ci-après), ce vaste réseau de filaments se développant dans le sol. Pour l’expert, le mycélium pourrait en effet être efficace pour se débarrasser des piles de branchages et ainsi en finir avec les risques de propagation des incendies de forêt.

Mais d’où vient cette idée ? Par le passé, Zach Hedstrom a travaillé avec un agriculteur bio, dont la ferme a été encombrée par un arbre effondré après une tempête. L’expert a tenté d’ajouter des pleurotes locaux aux copeaux de bois provenant de la découpe de l’arbre. Or, cette expérience lui a permis de comprendre que les champignons indigènes sont capables d’accélérer la décomposition des déchets végétaux.
Dans l’Ouest américain où l’aridité se retrouve un peu partout, les branchages et copeaux de bois se dégradent mal. Ainsi, le mycélium pourrait être d’un grand secours. De plus, l’humus, le résultat de cette dégradation, pourrait être utilisé en agriculture en guise de fertilisant ou simplement laissé dans la forêt pour enrichir les sols. Avec une équipe de chercheurs, Zach Hedstrom travaille à présent sur une sorte de spray à base de champignons. Des milliers d’arbres pourraient ainsi être sauvés chaque année grâce à cette méthode.
