Pourquoi l’Ouest amĂ©ricain subit-il tant de feux de forĂȘt ?

feux de forĂȘt
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Quatre facteurs principaux permettent d’expliquer pourquoi la Californie et d’autres États de l’Ouest amĂ©ricain sont particuliĂšrement sujets aux feux de forĂȘt dĂ©vastateurs.

AttisĂ© par des vents forts, l’incendie « McKinney », le plus vaste de l’annĂ©e en Californie, a dĂ©jĂ  dĂ©truit plus de 21 000 hectares de forĂȘt prĂšs de la ville de Yreka, dans le nord de l’État, dĂ©truisant des maisons et forçant des milliers de personnes Ă  Ă©vacuer leurs domiciles. Or, nous ne sommes qu’au dĂ©but la saison des incendies dans l’Ouest amĂ©ricain qui culmine traditionnellement entre la mi-juillet et octobre.

L’actualitĂ© pourrait laisser Ă  penser que le nombre de feux de forĂȘt est en augmentation dans cette rĂ©gion. En rĂ©alitĂ©, ce n’est pas le cas. Les incendies sont en revanche plus importants et durent plus longtemps, de sorte que la superficie totale brĂ»lĂ©e par an augmente rapidement. Comme nous l’avons prĂ©cĂ©demment rapportĂ©, la surface moyenne de terres brĂ»lĂ©es sur les Ă©tats de la cĂŽte ouest est en effet passĂ©e de 6 840 kmÂČ entre 1984 et 2000 Ă  plus de 13 550 kmÂČ entre 2001 et 2018. Quatre facteurs clĂ©s expliquent cette tendance.

Climat et paysage

L’Ouest amĂ©ricain a un climat mĂ©diterranĂ©en. La plupart des prĂ©cipitations tombent donc pendant les mois d’hiver, frais et humides, tandis que l’Ă©tĂ©, la saison la plus sĂšche de la rĂ©gion, s’aligne sur la saison la plus chaude. Ces conditions favorisent le dĂ©clenchement et la propagation des incendies.

La vĂ©gĂ©tation de la rĂ©gion (principalement des aiguilles de pin, des herbes sĂšches et autres arbustes) est Ă©galement hautement inflammable. À l’Est, les feuilles d’Ă©rable et de hĂȘtres, qui dominent la rĂ©gion, gardent beaucoup plus d’humiditĂ©, ce qui limite le risque d’incendie.

De plus, les vents saisonniers de Santa Ana apportent rĂ©guliĂšrement de fortes rafales extrĂȘmement sĂšches de la rĂ©gion du Grand Bassin au sud de la Californie, gĂ©nĂ©ralement Ă  l’automne. Ces vents dessĂšchent encore davantage la vĂ©gĂ©tation et attisent les feux de forĂȘt par le transport des braises.

Changement climatique

Les incendies de forĂȘt sont inextricablement liĂ©s au changement climatique qui rend la rĂ©gion de l’Ouest amĂ©ricain plus chaude et plus sĂšche. L’Ouest s’est rĂ©chauffĂ© de prĂšs de 1,5°C en moyenne par rapport au siĂšcle dernier. Les tempĂ©ratures plus Ă©levĂ©es et le manque de prĂ©cipitations dessĂšchent inĂ©vitablement la vĂ©gĂ©tation et prĂ©cipitent la chute des feuilles au sol.

L’influence du changement climatique est clairement visible depuis plusieurs annĂ©es. En effet, neuf des dix plus grands incendies de forĂȘt de l’État californien se sont produits au cours de la derniĂšre dĂ©cennie, y compris celui d’August Complex, dĂ©clenchĂ© par la foudre, qui a brĂ»lĂ© plus d’un million d’acres de terres en 2020.

De plus, le changement climatique allonge également la saison des incendies. Elle est en effet deux mois et demi plus longue en moyenne comparée aux années 1970.

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Suppression des incendies

Avant la colonisation moderne de l’Ouest amĂ©ricain (annĂ©es 1860), les terres boisĂ©es brĂ»laient rĂ©guliĂšrement, la plupart du temps Ă  cause des Ă©tincelles de foudre. Les communautĂ©s autochtones dĂ©clenchaient Ă©galement parfois des feux. Au dĂ©but du 20e siĂšcle, les autoritĂ©s ont cependant mis en place une politique d’extinction agressive de ces incendies, le but Ă©tant de les contenir et de les Ă©teindre le plus rapidement possible.

Cette pratique a favorisé la pousse de broussailles sur les sols forestiers qui se présentent désormais comme de véritables « poudriÚres » favorisant des incendies plus impressionnants. Une végétation plus dense brûle en effet plus rapidement et plus sévÚrement.

Le fait de contenir ces incendies Ă  l’excĂšs a Ă©galement favorisĂ© la pousse d’arbustes et d’espĂšces d’arbres intolĂ©rants au feu, comme les sapins blancs, Ă  des altitudes plus basses. Or, les aiguilles de ces arbres courent le long de leurs troncs jusqu’Ă  la canopĂ©e, crĂ©ant ainsi des feux de cime qui sont les plus difficiles Ă  contenir.

Au cours des derniĂšres annĂ©es, les autoritĂ©s locales ont choisi de brĂ»ler volontairement plusieurs parcelles de terre vulnĂ©rables tout en contrĂŽlant ces incendies dans le but de prĂ©venir des catastrophes de plus grande ampleur. Ces opĂ©rations pourraient s’Ă©largir Ă  l’Ă©chelle nationale dans les annĂ©es Ă  venir.

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Établissement humain

Au fur et Ă  mesure que la population grandit, le risque de dĂ©clencher des feux de forĂȘt augmente Ă©galement inĂ©vitablement. On estime que la moitiĂ© de tous les incendies de forĂȘt sont dĂ©clenchĂ©s par la foudre. L’autre moitiĂ© serait enflammĂ©e par les humains soit indirectement (lignes Ă©lectriques abattues ou Ă©tincelles de rails de train par exemple), soit directement (mĂ©gots de cigarettes ou feux de camp principalement).

Cependant, nous savons dĂ©sormais que les incendies de forĂȘt dĂ©clenchĂ©s par l’activitĂ© humaine se propagent plus de deux fois plus rapidement et sont de plus grande ampleur que ceux allumĂ©s par la foudre. Cela s’explique par leur dĂ©veloppement dans des conditions souvent plus chaudes et sĂšches par rapport Ă  ceux dĂ©clenchĂ©s naturellement par la foudre. Dans ce contexte plus inflammable, les dimensions et le potentiel de destruction des feux d’origine humaine sont par consĂ©quent plus Ă©levĂ©s.