Ces chercheurs proposent un nouvel indice pour mesurer la pollution atmosphérique !

La pollution atmosphérique est un véritable fléau, faisant plusieurs centaines de milliers de morts chaque année dans le monde. En France, des chercheurs proposent d’explorer un nouvel indice pour mesurer ce type de pollution. Il s’agit du « potentiel oxydant », permettant de définir les dommages causés par les particules fines.

Qu’est ce que le potentiel oxydant ?

Actuellement, la pollution atmosphérique se mesure principalement via l’Indice de Qualité de l’Air (IQA) et l’Indice ATMO, relatifs à la concentration de plusieurs polluants comme le dioxyde d’azote NO2 et autres particules fines (PM). Les particules fines se mesurent généralement en fonction de leur diamètre et de leur concentration massique : les PM10 – masse cumulée de toutes les particules inférieures à 10 micromètres (µm) et les PM2,5 (inférieures à 2,5 µm). Cependant, ces mesures ont leur limites, comme l’expliquent des géochimistes de l’atmosphère dans un article publié par The Conversation le 29 octobre. Ces chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ont présenté les résultats de leur étude ayant récemment fait l’objet d’une publication dans la revue Nature.

Les scientifiques ont rappelé que les particules fines peuvent entrer dans les poumons et perturber leur fonctionnement. Leur taille est donc importante, tout comme la fréquence d’exposition. En revanche, il faut savoir que ces indicateurs ne disent pas tout. En effet, il existe des particules d’origine humaine mais également d’origine naturelle, provenant notamment des volcans, des forets ou encore, des embruns marins.

L’objectif des géochimistes est d’obtenir davantage d’informations sur les caractéristiques physiques et chimiques des particules mais aussi, en ce qui concerne leur dangerosité pour la santé. Un nouvel indice a donc vu le jour : le potentiel oxydant. Ce dernier permet de mesurer le « stress oxydatif » dans les poumons, c’est à dire le déséquilibre entre la quantité d’antioxydants (protecteurs) et les espèces réactives de l’oxygène, celles-ci faisant leur apparition suite à l’inhalation de particules atmosphériques. Or, un stress oxydatif croissant peu subvenir en cas d’excès et ainsi, causer des inflammation des cellules pulmonaires voire leur mort, un mécanisme biologique clé dans l’apparition de maladies cardiovasculaires et respiratoires.

Un indice qui pourrait avoir de l’avenir

Dans le cadre de leurs travaux, les scientifiques ont compilé environ 11 500 mesures de potentiel oxydant dans plus d’une quarantaine de sites en Europe (voir carte ci-après). Selon les résultats, les deux principales sources de stress oxydatif sont le trafic routier et le chauffage au bois. En ce qui concerne le trafic routier, ce dernier est présent en continu avec des pics lors des vacances scolaires ou en fonction des jours de la semaine. Au niveau du chauffage au bois, le stress oxydatif est surtout présent entre octobre et mars et légèrement en été, à l’occasion des barbecues.

carte sites mesures potentiel oxydant
Crédit : Uzu et al., Nature., 2025

Selon les chercheurs, la mesure du potentiel oxydant permet notamment de découvrir des différences plus marquées entre zones urbaines et zones rurales et autres, ou encore pointer les spécificités de certains lieux en fonction de leur topographie et/ou leur position géographique. Il peut également être question de zones pas forcément impactées par des émissions locales mais davantage par des phénomènes météorologiques, par exemple les poussières sahariennes. Autrement dit, la mesure du potentiel oxydant serait plus pertinente que les mesures prenant seulement en compte la concentration massique.

Pour l’heure, il n’existe pas encore de protocole standardisé pour mesurer le stress oxydatif, c’est pour cette raison que les chercheurs de l’étude ont compilé autant de mesures. Néanmoins, ceci pourrait changer à l’avenir, puisque le nouvel indice en question a été recommandé pour la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air, en fin d’année 2024.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.