Dans le monde, il existe des animaux possédant des cellules dont les excroissances ont un fonctionnement est assez similaire à celui d’une imprimante 3D. Il s’agit des polychètes, un groupe de vers annélides réunissant de très nombreuses espèces.
Quelque chose de très curieux au niveau moléculaire
Les vers polychètes sont tous aquatiques. La grande majorité d’entre-eux sont marins, dont certains vivant dans les estuaires des fleuves. D’autres ont néanmoins élu domicile dans des zones d’eau douce mais représentent à peine moins de 200 espèces parmi les 13 000 que comptent le groupe. Surtout, les polychètes possèdent des parapodes, des organes latéraux en forme de patte (ou de pagaie) leur permettant de nager, ramper sur les fonds marins ou encore, creuser des tunnels. Or, ces organes ont la particularité d’être munis de « soies », semblables à de long poils.
Il faut savoir que la Science étudie longuement les vers polychètes, pour la simple et bonne raison que ceux-ci sont d’intéressants modèles pour la biologie de la régénération. En effet, ils peuvent régénérer la majeure partie de leur corps et ce, avec une efficacité accrue face certains autres organismes ayant des capacités similaires.
Florian Raible travaille en tant que biologiste moléculaire aux laboratoires Max Perutz de l’Université de Vienne (Autriche). L’intéressé et son équipe ont publié une étude sur les vers polychètes dans la revue Nature Communications en 2024. Selon la publication, les scientifiques ont découvert quelque chose de très curieux au niveau moléculaire, après avoir eu recours à la microscopie électronique et à la tomographie.

Une double découverte !
En observant des spécimens de l’espèce Platynereis dumerilii, les biologistes ont découvert que les soies recouvrant les parapodes s’accompagnaient de cellules particulières : les blastes. Or, ces cellules possèdent elles-mêmes des excroissances capables de s’allonger et se rétracter à volonté. Leur fonction ? Déposer de la chitine – une molécule naturelle – lors de la formation de chaque soie. Selon les chercheurs, il est possible de comparer les excroissances des blastes à des imprimantes 3D. Cependant, au-delà de cette particularité aussi étonnante qu’intéressante, une autre découverte surprenante a été faite. Il est en effet question d’une ressemblance très proche entre la géométrie des blastes et celle des cellules sensorielles que l’on retrouve dans l’oreille interne de nombreux vertébrés, dont les humains.
Pour Florian Raible, les blastes ne seraient pas seulement intéressants dans l’appréhension du phénomène de régénération. Ces excroissances pourraient à l’avenir incarner un nouveau modèle permettant mieux étudier certaines cellules similaires. Autrement dit, il serait possible de mieux comprendre des affections telles que la surdité, dont l’apparition peut se produire après un endommagement de ces cellules sensorielles.
