Selon une étude récente menée aux Pays-Bas, le cerveau est capable de créer de faux souvenirs quelques secondes après la survenue d’un événement. Ces recherches montrent que parfois, nos idées préconçues et nos attentes forgent nos souvenirs.
Un souvenir très rapidement acquis
La mémoire est un sujet aussi passionnant que complexe. En 2022, une étude démontrait par exemple que les travailleurs de nuit ont une mémoire moins performante. La raison n’est autre qu’un manque de synchronisation de l’horloge biologique de ces personnes incapables de dormir normalement à cause de leur emploi. Publiée le 5 avril 2023 dans la revue Plos One, une autre étude évoquait quant à elle les faux souvenirs. Les chercheurs en psychologie de l’Université d’Amsterdam (Pays-Bas) ont en effet découvert que le cerveau humain était capable de générer de faux souvenirs quelques secondes après un événement.
Dans le cadre de l’étude néerlandaise, il a été demandé à une centaine de participants de regarder une série de lettres et de se souvenir d’une seule d’entre elles, cette derrière étant surlignée. De plus, certaines séries comportaient des lettres inversées (comme dans un miroir), un détail que les volontaires devaient également mémoriser. Selon les résultats, 40 % des participants ont été en mesure de citer la lettre surlignée et de préciser que celle-ci était inversée. Toutefois, 10 % d’entre eux n’ont pas été capables de préciser quelle lettre était surlignée. Or, ces personnes n’ayant pas précisé que la lettre était inversée ont pourtant répondu sans hésitation, et ce, après seulement 0,3 seconde suivant le visionnage.
Difficile de douter de sa mémoire à court terme
Pour les scientifiques, ces recherches montrent que les souvenirs peuvent être forgés par nos idées préconçues ainsi que nos attentes. Autrement dit, il est parfois possible de se souvenir de ce que l’on s’attend à voir et pas forcément de ce que l’on voit réellement. Selon les auteurs de l’étude, les humains pensent de manière intuitive que leurs souvenirs sont fiables, a fortiori dans le cas d’un événement qui vient tout juste de se produire. Il faut dire qu’habituellement, la mémoire à long terme est connue pour être moins performante, mais douter de sa mémoire à court terme est en revanche quelque chose de plus rare.
L’étude ne permet pas de remettre en question l’intégralité des souvenirs des participants, surtout qu’une bonne partie de ces derniers a répondu juste. En revanche, ces recherches peuvent être un indicateur de la manière dont les individus interagissent ensemble. Ainsi, certains souvenirs que l’on pense certains sont en réalité ceux d’autres personnes et cela se produit de manière inconsciente. Par exemple, un témoin appelé à la barre lors d’un procès peut inclure des souvenirs d’autres témoins sans le vouloir, simplement en ayant entendu ces derniers s’exprimer avant lui.
Citons également l’influence que peuvent exercer sur la mémoire à court terme les préjugés, les stéréotypes et les croyances personnelles. Dans tous les cas, une chose est certaine : la mémoire est quelque chose d’imparfait, même lorsqu’il est question d’événements récents.
