Dans une récente publication, des chercheurs étasuniens ont présenté une nouvelle solution alternative aux carburants habituels qu’utilisent les avions de ligne. Les scientifiques sont à l’origine d’une proposition tout à fait inédite : convertir des déchets alimentaires en véritable kérosène biosourcé pour l’aviation civile. Toutefois, le chemin reste encore long avant qu’un tel carburant fasse l’objet d’une utilisation massive.
Un pétrole biologique fait de restes alimentaires
Rappelons tout d’abord qu’en 2023, le bilan écologique du secteur aérien se caractérisait notamment par un taux d’environ 2,5 % des émissions de CO2 à l’échelle globale. De plus, 84% des émissions de CO2 de ce secteur proviennent directement de la consommation de carburant. Depuis quelques années déjà, des alternatives plus vertes sont logiquement à l’étude, principalement des projets de propulsion à l’hydrogène ou encore, des carburants de synthèse (HEFA). Il est également question de modifier les plans de vol pour économiser du carburant. Cependant, aucune de ces propositions ne permet pour l’instant d’associer pleinement rentabilité et performance énergétique.
Pilotée par l’Université de l’Illinois à Urbana–Champaign (Etats-Unis), une étude publiée dans la revue Nature Communications le 30 octobre pourrait changer la donne. Les ingénieurs disent avoir découvert un moyen de convertir les déchets alimentaires en carburant d’avion durable. L’idée est surprenante et pour cause, celle-ci est totalement inédite dans l’histoire de l’aviation civile.
Dans le cadre de leurs tests, les scientifiques ont récupéré des restes de production alimentaire auprès d’usines agroalimentaires, avant de les soumettre à des conditions de température et de pression extrêmes. Le résultat prend la forme d’un pétrole biologique se composant d’un mélange d’huiles, d’eau et de composés carbonés. La dernière étape du processus n’est autre qu’un raffinage catalytique (hydrotraitement) à base de cobalt et de molybdène. L’objectif ? Filtrer tout que qui pourrait altérer la combustion, à savoir les sels, les cendres, l’eau et évidemment, les atomes indésirables tels que l’azote, l’oxygène et le souffre.

Des promesses très intéressantes
Selon les chercheurs, leur carburant biosourcé est quasiment identique au kérosène habituel que le secteur de l’aviation utilise. Aussi, ce même carburant respecte la réglementation de l’American Society for Testing and Materials (ASTM) et de la Federal Aviation Administration (FAA), dont les niveaux d’exigence font partie des plus hauts de la planète. Ceci constitue une véritable prouesse, puisque rares sont les carburants à avoir reçu une telle validation.
« Il a été démontré que l’hydrotraitement des déchets alimentaires constitue une voie potentielle pour produire un carburant d’aviation durable (SAF) compatible avec les besoins d’une industrie aéronautique décarbonée. », peut-on lire dans l’étude.
Comme pour tout nouveau produit que l’on tente de destiner à une utilisation massive, la question de la faisabilité industrielle se pose. En effet, il s’agit tout de même d’alimenter des centaines voire des milliers d’appareils au quotidien. Le chemin reste donc très long mais selon les ingénieurs, rien ne pourra se faire sans un minimum de volonté des industriels et l’apport de capitaux sûrs. En attendant, les promesses sont là puisqu’il est question d’une réduction de l’empreinte carbone des avions civils jusqu’à 80%. Également, le carburant est compatible avec les moteurs actuels mais aussi, les chaînes logistiques déjà existantes.
