Un art rupestre découvert dans une grotte en Patagonie, en Argentine, s’est révélé bien plus ancien que prévu, datant d’il y a 8 200 ans. L’analyse suggère que ces dessins s’étendent sur environ 3 000 ans au sein d’un même motif, ce qui suggère une transmission d’informations entre plusieurs générations.
Exploration des origines de l’art rupestre en Patagonie
L’étude s’inscrit dans un vaste débat concernant les origines de l’art rupestre à travers le monde. Ce débat est étroitement lié à l’évolution des capacités cognitives humaines, à l’émergence de comportements symboliques et aux implications sociodémographiques qui en résultent.
Au niveau mondial, l’archéologie cherche donc à établir le calendrier et la structuration spatiale des représentations artistiques sur le paysage. Elles sont considérées comme des outils pour comprendre les rôles sociaux, adaptatifs et évolutifs des groupes humains.
La Patagonie, en tant que région méridionale des Amériques, a été la dernière à être peuplée par les humains modernes au cours du Pléistocène supérieur. Son contexte biogéographique unique, combiné à une excellente préservation des preuves paléoécologiques et archéologiques, en fait une région clé pour comprendre le peuplement de la région et le rôle de l’art rupestre dans le marquage symbolique du paysage.
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont examiné des preuves d’art rupestre daté dans le nord de la Patagonie, en Argentine, à partir du site archéologique Cueva Huenul 1 (CH1).

Un art plus ancien que prévu
Les archéologues, dirigés par Guadalupe Romero Villanueva du Conseil national argentin de la recherche, ont effectué des analyses au radiocarbone sur des morceaux de pigment noir prélevés sur des œuvres représentant des humains, des animaux et d’autres motifs.
La datation de l’art rupestre au radiocarbone est souvent difficile en l’absence de composants organiques, mais le pigment noir utilisé dans ces dessins provenait de matières végétales, permettant ainsi aux chercheurs de déterminer leur âge.
Ces représentations se sont finalement révélées bien plus anciennes que prévu, datant d’il y a 8 200 ans. La grotte est désormais reconnue comme abritant le plus ancien art rupestre à base de pigments daté au radiocarbone en Amérique du Sud.
Une volonté de transmission
Les chercheurs ont comptabilisé 895 peintures uniques regroupées en 446 motifs ou segments sur l’ensemble du site de la grotte. Bien que l’origine culturelle des créateurs des œuvres ne soit pas claire, les scientifiques suggèrent que ces dessins complexes ont pu être utilisés pour transmettre des informations entre différentes communautés et générations.
L’analyse laisse en effet penser que ces dessins, qui s’étendent sur environ 3 000 ans, sont liés par un thème, une composition ou un schéma artistique commun. En d’autres termes, les chercheurs observent une continuité visuelle ou thématique entre les différentes représentations artistiques au fil du temps.
Bien que le but précis de cet art rupestre ne soit pas clair, les chercheurs estiment qu’il pourrait avoir fait partie d’une stratégie humaine visant à construire des réseaux sociaux entre des groupes dispersés, contribuant ainsi à renforcer la résilience des sociétés face à des conditions environnementales difficiles, la région de Patagonie à la fin de l’Holocène étant caractérisée par un climat très sec et chaud.
Les chercheurs pensent donc que ces sociétés de chasseurs-cueilleurs ont pu utiliser l’art rupestre comme moyen de communication et d’échange d’informations crucial pour leur survie dans un environnement difficile.
Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Science Advances.
