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Les chercheurs affirment que l’espèce de renard a disparu il y a environ 500 ans. Crédits : Juandertal (CCA-SA-4.0)

Il y a 1 500 ans, en Argentine, des chasseurs-cueilleurs apprivoisaient des renards

Une nouvelle étude fascinante suggère que les anciens chasseurs-cueilleurs de la Patagonie, en Argentine, entretenaient une relation unique avec les renards. En effet, ils les élevaient comme des compagnons bien-aimés bien avant l’arrivée des chiens européens il y a environ 500 ans. Cette recherche met ainsi en lumière les liens profonds entre les humains et les animaux dans cette région reculée.

Des renards domestiques il y a 1 500 ans ?

Cette nouvelle étude décrit l’examen d’une tombe fouillée sur le site de Cañada Seca, à environ 210 kilomètres au sud de la ville occidentale de Mendoza.

Sur place, les chercheurs ont identifié les restes d’un renard enterré aux côtés des ossements humains. Ce renard, identifié comme un Dusicyon avus, une espèce désormais éteinte, semble avoir été un compagnon précieux pour les chasseurs-cueilleurs de l’époque. Et pour cause, les analyses isotopiques du carbone et de l’azote des os du renard découvert sur le site archéologique de Cañada Seca ont fourni des informations cruciales sur son régime alimentaire. Or, ces analyses ont montré que les isotopes du carbone et de l’azote présents dans les os du renard étaient similaires à ceux retrouvés dans les os humains découverts sur le même site.

Plus précisément, les isotopes du carbone fournissent des informations sur les sources de nourriture consommées par l’animal, tandis que les isotopes de l’azote peuvent révéler la position de l’animal dans la chaîne alimentaire. Les analyses ont montré que le renard avait un régime alimentaire principalement basé sur les plantes, ce qui était inhabituel pour les renards sauvages de la région qui consommaient généralement plus de viande.

Cette découverte renforce ainsi l’hypothèse selon laquelle le renard était probablement domestiqué ou semi domestiqué, vivant en étroite proximité avec les humains et partageant leurs ressources alimentaires. Cette relation entre le renard et les humains offre un aperçu fascinant des interactions entre les sociétés humaines préhistoriques et les animaux sauvages de la région.

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Les chercheurs ont utilisé des mesures précises des os survivants et des analyses d’ADN ancien pour déterminer qu’ils provenaient d’un individu de l’espèce de renard Dusicyon avus. Crédits : Francisco Prevosti

Comment l’espèce a-t-elle disparu ?

L’étude remet également en question une théorie longtemps acceptée selon laquelle les chiens modernes de la région de la Patagonie pourraient descendre d’un croisement entre des renards locaux et des chiens européens. Cette idée avait été avancée en raison de la présence de chiens domestiques dans la région à l’époque où les Européens ont commencé à coloniser l’Amérique du Sud. Cependant, les analyses de l’ADN du renard découvert sur le site archéologique de Cañada Seca ont révélé que la plupart de ses descendants avec des chiens auraient été stériles, ce qui remet sérieusement en question cette théorie.

En revanche, l’étude suggère une explication alternative à la disparition du renard Dusicyon avus. Elle met en évidence le rôle des changements climatiques et de l’expansion humaine dans la région. Les preuves archéologiques suggèrent en effet que l’arrivée des chiens européens dans la région a coïncidé avec une période de perturbation écologique et de changements dans les habitats naturels.

Plus précisément, l’expansion des populations humaines et les pratiques de chasse auraient notamment eu un impact significatif sur les écosystèmes locaux à cette époque, entraînant une perte d’habitats pour les renards indigènes. Les changements climatiques, tels que les variations de température et de précipitations, auraient également modifié les conditions environnementales dans lesquelles ces animaux vivaient, réduisant encore davantage leurs habitats disponibles et mettant ainsi en péril leur survie. L’association de ces facteurs (l’expansion humaine, les pratiques de chasse et les changements climatiques) aurait alors exercé une pression considérable sur la population de renards Dusicyon avus, conduisant éventuellement à leur disparition.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Royal Society Open Science.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.