lézard Tiliqua frangens
Illustration d'artiste de Tiliqua frangens. Crédits : Catherine Kenny

Ces anciens lézards géants étaient recouverts d’une armure épaisse et de pointes

Une équipe de paléontologues décrit la découverte d’un « gigantesque » scinque du Pléistocène d’Australie sur la base de plusieurs fossiles issus à la fois de spécimens jeunes et adultes. Avec plus de 2,4 kg sur la balance, ces lézards pesaient plus du double que n’importe quel scinque vivant aujourd’hui. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B.

Une espèce de scinque « géante »

L’espèce fait partie de la famille des scinques, une famille de lézards présents sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. On dénombre aujourd’hui près de 1 700 espèces. La plupart pèsent moins de deux grammes et mesurent moins de dix centimètres de longueur (les plus gros mesurent environ 35 centimètres). L’espèce nouvellement découverte, Tiliqua frangens, était quant à elle beaucoup plus imposante.

En effet, elle aurait été plus de mille fois plus lourde qu’un scinque typique, pesant environ 2,4 kilogrammes pour environ 60 centimètres de long. Ces lézards qui vivaient au Pléistocène (2,58 millions à 11 700 ans) sont donc les plus grands scinques enregistrés à ce jour.

L’espèce avait été décrite précédemment à deux reprises comme deux espèces différentes (nommées Aethesia frangens et Tiliqua laticephala). Chacune de ces descriptions était basée sur un seul os que les scientifiques impliqués ne pouvaient faire correspondre qu’à un seul animal. Cependant, dès 2016, des fouilles menées dans les grottes de Wellington, en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), ainsi que dans plusieurs collections de musées, ont permis de mettre au jour de nouveaux matériaux fossiles. Ces derniers, qui représentaient à la fois des spécimens jeunes et adultes, ont finalement permis aux paléontologues de constater que ces deux espèces ne formaient en réalité qu’une seule espèce unique.

D’après les analyses, les plus anciens fossiles de T. frangens documentés pourraient avoir jusqu’à deux millions d’années. Les plus jeunes, quant à eux, ont été datés à environ 47 000 ans.

lézards Tiliqua frangens
Un scinque rugueux (Tiliqua rugosa). Crédits : Nathan Johnson/Wikipédia

Un environnement de géants

Physiquement, ces lézards ressemblaient un peu aux scinques rugueux à langue bleue, qui sont originaires d’Australie. Ils avaient un corps large et lourd complètement recouvert d’une « armure extrêmement épaisse et hérissée« , décrivent les auteurs.

Ces lézards vivaient très probablement dans une forêt tempérée ouverte avec des parcelles de plantes. Ils erraient pendant la journée un peu comme le font de nos jours les lézards vivant en Australie ou comme les tortues terrestres en Afrique et en Amérique du Nord. Et, tout comme ces animaux, il se déplaçaient lentement.

Pour les auteurs, cette espèce a probablement disparu en même temps que le reste de la mégafaune australienne du Pléistocène. Pour rappel, ce terme fait référence aux grandes espèces animales qui peuplaient l’Australie il y a des milliers d’années. Parmi eux figuraient le Diprotodon et Zygomaturus, deux marsupiaux géants, ou encore Megalania, un gigantesque varan prédateur ressemblant à un lézard, pour ne citer que ces quelques exemples. La plupart se sont probablement éteints en raison de changements environnementaux et de l’arrivée de populations humaines il y a environ 50 000 ans.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.