Les brachiopodes, bryozoaires et phoronides sont trois groupes de créatures marines connues pour évoluer sur le fond marin. Aujourd’hui, chacun de ces groupes a des structures d’alimentation hautement spécialisées qui diffèrent les unes des autres. Récemment, une équipe de paléontologues a identifié les restes fossiles de leur ancêtre commun. L’animal, nommé Wufengella bengtsoni, évoluait il y a environ 518 millions d’années. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Current Biology.
Les brachiopodes sont des créatures bivalves à coquille, les bryozoaires ont un corps mou avec des couronnes de tentacules et les phoronides sont enfermés dans des tubes protecteurs en chitine. Tous évoluent sur le fond marin, mais ils sont très différents. Cependant, il fut une époque où tous ces animaux n’étaient représentés que par une seule espèce. Les scientifiques soupçonnaient que cette ancienne créature marine faisait partie d’un groupe plus ancien d’organismes à coquille appelés tommotiidés. Néanmoins, encore fallait-il le prouver. C’est désormais chose faite.
Une créature blindée hérissée de poils
Les restes fossiles de cet animal ont été découverts par une équipe de l’Université de Bristol (Angleterre) sur le site fossilifère de Chengjiang Biota, dans le sud-ouest de la Chine. Cette découverte est un vrai coup de chance. En effet, les tissus mous de ces animaux se décomposaient souvent dans les eaux riches en oxygène de l’époque. Cet animal particulier a été emporté dans des eaux profondes où il a été rapidement enterré dans la boue, ce qui a permis sa préservation.
Les chercheurs avaient prédit que cet animal ressemblerait à une sorte de ver blindé. Ils n’étaient pas très loin. Cependant, l’analyse de son plan corporel général a révélé quelques surprises. L’espèce, nommée Wufengella bengtsoni, développait des volets sur son corps qui auraient pu être utilisés à des fins d’aspiration. Les chercheurs supposent qu’ils auraient pu permettre à l’animal de se fixer au récif quand il y avait des vagues.
L’espèce avait également de longs poils sur les côtés qui auraient pu être utilisés pour détecter des proies ou se protéger contre ses prédateurs. Les auteurs de l’étude ne sont pas sûrs de ce que l’animal consommait, mais son corps n’était visiblement pas adapté pour filtrer l’eau ou rester immobile. Il ne s’agissait donc pas d’un filtreur attaché au fond marin comme ses descendants modernes.
Malgré tout, les chercheurs sont convaincus qu’il s’agit de l’ancêtre des brachiopodes, des bryozoaires et des phoronides, car il partageait un squelette similaire avec ces groupes. Par la suite, certains de ces animaux ont occupé différentes niches écologiques, adoptant finalement différents plans corporels.
La découverte ajoute ainsi une nouvelle pièce au puzzle de la façon dont les animaux ont évolué pendant l’explosion cambrienne, lorsque la vie précoce s’est rapidement diversifiée sur Terre.