Dans l’univers des rencontres en ligne, les hommes semblent viser très haut… mais la réalité les ramène souvent à des choix plus modestes. Une étude récente dévoile un décalage net entre les intentions initiales des utilisateurs et les matchs réels, suggérant que le rejet joue un rôle plus déterminant que l’attirance.
Derrière l’écran, une hiérarchie de désirabilité
Des chercheurs ont analysé les comportements de plus de 2 600 utilisateurs hétérosexuels d’une application de rencontres en République tchèque, en se basant sur les « swipes » (manifestations d’intérêt). Grâce à cette cartographie numérique, ils ont pu établir une hiérarchie implicite de désirabilité, mesurée par le nombre de fois qu’un profil est liké.
Premier constat : les hommes expriment massivement leur intérêt pour des femmes plus désirables qu’eux, tandis que les femmes se montrent plus sélectives, s’intéressant principalement à des profils situés à un niveau similaire, voire légèrement inférieur. Mais ces préférences déclarées ne se traduisent pas directement en matchs.
Les matchs suivent la logique du rejet, pas de l’attirance
Les « swipes » réciproques – c’est-à-dire les matchs – ne valident pas ces désirs initiaux. Ils apparaissent principalement entre individus ayant une désirabilité perçue similaire. Ce n’est pas la recherche de la compatibilité qui produit cette homogamie, mais le filtre du rejet : les femmes les plus désirables reçoivent un grand nombre de sollicitations, qu’elles filtrent sévèrement. Les hommes qui visaient plus haut se retrouvent ainsi, en bout de course, à matcher avec des profils plus proches du leur.
Autrement dit, ce n’est pas la préférence pour la ressemblance qui domine, mais le tri progressif imposé par les refus répétés. Et comme le rapport hommes-femmes est largement déséquilibré en faveur des hommes sur l’application, ces derniers jouent souvent le rôle de poursuivants, tandis que les femmes détiennent un pouvoir de choix accru.

Une explication évolutionniste à ces comportements
Si ce schéma semble déséquilibré, il fait pourtant écho à des stratégies reproductives profondément ancrées dans l’évolution humaine. Du point de vue de la biologie évolutive, les différences de comportement entre les sexes ne sont pas nouvelles : elles seraient liées aux coûts différents de la reproduction.
Pour une femme, chaque grossesse représente un investissement physiologique et temporel considérable. La stratégie optimale, dans ce cadre, serait donc de privilégier la qualité plutôt que la quantité : sélectionner un partenaire qui maximise les chances de survie et de succès de la descendance. D’où une plus grande sélectivité.
Chez les hommes, au contraire, la reproduction est moins coûteuse sur le plan biologique. La stratégie évolutivement avantageuse serait donc de maximiser le nombre de partenaires potentielles, pour augmenter les chances de transmettre ses gènes. Ce qui pourrait expliquer la tendance à « viser haut » et à « viser large » observée dans l’étude.
Bien sûr, les comportements humains ne se réduisent pas à la biologie. La culture, la technologie et les normes sociales jouent un rôle énorme. Mais ces biais inconscients issus de notre héritage évolutif pourraient continuer à influencer nos décisions – même sur des applications modernes, à coups de gestes aussi simples qu’un swipe.
Une réalité loin des fantasmes numériques
La promesse des applis de rencontre est simple : ouvrir l’horizon amoureux. Mais cette étude montre que la sélection naturelle – ou sociale – reste bien présente. Malgré une apparente liberté de choix, les utilisateurs se retrouvent piégés dans des dynamiques de rareté, de hiérarchie et de concurrence, où les intentions sont vite rattrapées par les mécanismes de tri collectif.
Et ce sont les femmes qui, statistiquement, orientent le jeu. Leur rareté relative et leur position de « choisisseuses » façonnent les correspondances finales. Au bout du compte, les aspirations sont rééquilibrées par la réalité du marché amoureux numérique, où l’on ne sort que rarement de sa ligue, malgré tous les espoirs.
