Y a-t-il eu un seul ou plusieurs exodes africains pour peupler le monde ?

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Le berceau de l’humanité a-t-il été le point de départ d’une seule ou de plusieurs vagues migratoires pour peupler le monde ? Ces deux théories s’opposent au sein de la communauté scientifique, mais l’une d’elles vient de prendre un peu plus de poids depuis la publication de nouveaux travaux.

Deux théories s’affrontent au sein de la communauté scientifique concernant l’exode de nos ancêtres depuis l’Afrique, berceau de l’humanité, vers le reste du monde. Pour certains, il y eut deux vagues majeures, une première il y a 120 000 ans en direction du sud-est de l’Asie et de l’Océanie, et une seconde plus tard vers l’Eurasie continentale. Pour d’autres, un seul exode massif a eu lieu il y a environ 80 000 ans.

C’est justement cette dernière théorie qui vient de prendre un peu plus de poids suite à la publication dans la revue Nature d’études suggérant qu’une seule vague de migrants venus d’Afrique, il y a environ 80 000 ans, serait à l’origine de la grande majorité des populations actuelles. Trois études, trois analyses génétiques sur un total de 787 personnes.

La première de ces études a été menée à la Harvard Medical School, avec à sa tête le généticien David Reich qui a, avec son équipe, étudié le génome de 300 personnes appartenant à 142 populations différentes, dispersées dans le monde. « Nous montrons que les Autochtones australiens et néo-guinéens sont originaires de la même migration que les autres non africains du globe » peut-on lire dans leur étude.

Deuxième étude, cette fois-ci menée par Eske Willerslev, de l’Université de Copenhague, pour une conclusion similaire. Celle-ci a concerné 83 aborigènes australiens et 25 habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée, et est parvenue à la conclusion que toutes les populations seraient issues d’une même vague de migrants qui auraient quitté l’Afrique il y a environ 72 000 ans. Selon les travaux de cette équipe, la vague migratoire massive s’est séparée après avoir quitté l’Afrique pour suivre deux routes, l’un menant en Asie australe et l’autre en Eurasie.

Une légère nuance est apportée par la troisième étude, menée par Luca Pagani et ses collègues du Biocentre estonien, qui a ajouté 379 autres individus d’origine européenne aux deux autres études. Selon ces travaux, au moins 2% du matériel génétique des habitants de la Nouvelle-Guinée serait issu d’une population qui aurait quitté l’Afrique il y a 120 000 ans, soit 40 000 ans plus tôt que celles qui ont peuplé l’Eurasie. Mais comme le soulignent Serena Tucci et Joshua Akey, de l’Université de Washington à Seattle, les premiers voyageurs d’il y a 120 000 ans n’ont génétiquement que peu contribué aux populations contemporaines, ce qui ne remet ainsi pas en cause les deux premières études.

Source : AFP