Y a-t-il réellement plus de 330 000 baleines et dauphins tués chaque année dans le monde ?

baleine cachalot
Crédits : Pixabay / Decokon

Il y a quelques jours, la présidente de Sea Shepherd France Lamya Essemlali déclarait que la pêche industrielle était responsable de la mort de 330 000 baleines et dauphins chaque année. D’où vient ce nombre ?

En réaction à la récente décision du Japon

Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France a été interrogée par France Info ce 1er juillet 2019. Selon l’intéressée, pas moins de « 330 000 baleines et dauphins étaient tués chaque année par la pêche industrielle ». Cette déclaration a été formulée en réaction au récent retrait du Japon de la Commission baleinière internationale. Selon Lamya Essemlali, cela serait le résultat de « l’acharnement d’un petit lobby ultranationaliste ».

Ainsi, le Japon reprend officiellement la chasse à la baleine commerciale, mais seulement dans ses eaux territoriales et sa zone économique exclusive. Toutefois, il s’avère que ce pays n’a jamais cessé de chasser ces animaux marins. En effet, une faille dans le moratoire international sur la chasse à la baleine de 1986 a été exploitée. Les Nippons ont œuvré sous couvert de programmes de recherche sur les baleines, autrement dit de recherche scientifique !

Une baleine à bosse/Crédits Wikimedia Commons

D’où vient ce nombre de 330 000 ?

Lamya Essemlali aurait tiré ces données d’une publication du WWF de 2003. Cette dernière faisait référence à la toute première étude dédiée à la prise accidentelle de cétacés dans les filets de pêche. Menées par les universités de Duke (États-Unis) et de Saint Andrews (Écosse), ces recherches estiment à près de 308 000 le nombre de cétacés capturés chaque année dans ces conditions. Ce nombre concerne les baleines mais aussi les dauphins et autres bélugas.

Ainsi, le nombre en question a été quelque peu surestimé par la présidente de Sea Shepherd France. En revanche, le professeur Vincent Ridoux – membre de la délégation française à la Commission baleinière internationale – a expliqué qu’il s’agit d’un nombre certainement sous-estimé. Selon l’intéressé, il n’existe pas assez de systèmes d’observation efficaces, tout simplement parce que nombreuses pêcheries ont de mauvais dispositifs de surveillance.

Il s’agit également de ne pas oublier l’existence d’une multitude de pêcheries artisanales capturant accidentellement des cétacés. Par ailleurs, certaines espèces semblent plus vulnérables que d’autres, notamment celles vivant assez près des côtes.

Les dauphins sont également très concernés par les prises accidentelles.
Crédits : iStock

Le cas des dauphins en France

Dans notre pays, le problème se situe surtout au niveau des dauphins. Vincent Ridoux rappelle que ceux-ci font l’objet de captures massives dans le golfe de Gascogne et l’ouest de la Manche. Dans ces zones, pas moins de 4 000 de ces animaux sont pris chaque année, ce qui s’avère être inquiétant pour les populations vivant dans l’océan Atlantique. Rien que durant cet hiver, pas moins de 1 200 dauphins se sont échoués sur la côte Atlantique, selon un communiqué de l’ONG France Nature Environnement. Or, 85 % de ces dauphins présentaient des traces de capture accidentelle.

France Nature Environnement fait partie d’un groupe de 25 organisations ayant récemment demandé l’ouverture d’une procédure d’infraction contre une quinzaine de pays de l’UE. Parmi eux, nous retrouvons la France, la Finlande, l’Espagne mais également les Pays-Bas et l’Allemagne. Le but est de parvenir à limiter les captures accidentelles de dauphins par les bateaux de pêche en fermant notamment les pêcheries « à risque ».

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