Werner Heisenberg, le nazi qui aurait dissuadé son camp de fabriquer la bombe atomique

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Pourquoi les nazis n’ont-ils finalement pas fabriqué la bombe atomique, malgré une avance certaine sur les Américains notamment, qui eux l’ont non seulement fabriquée, mais aussi utilisée ? Un personnage semble avoir joué un rôle déterminant dans cela : Werner Heisenberg.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, pourquoi l’Allemagne nazie n’a-t-elle pas construit la bombe atomique malgré une grande avance ? C’est une histoire d’individus soumis à une immense et constante pression et à des choix entre obligations morales et grands risques personnels encourus. Ce renoncement reste un mystère dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

À l’été 1939, l’Allemagne nazie avait deux programmes de développement de l’arme atomique, tous deux réunis en septembre 1939 sous la direction de Werner Heisenberg, probablement le scientifique le plus qualifié au monde pour diriger le programme en termes de réputation, d’expérience et de compétences. À ce moment de l’Histoire, l’Allemagne avait les ressources industrielles, scientifiques et financières pour construire cette bombe.

Alors pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? D’autant que, côté américain, le programme baptisé Manhattan Project a commencé en 1941 (soit deux ans après l’Allemagne). La première bombe nucléaire a ensuite explosé pour un essai en juillet 1945 sous le nom de code Trinity.

Il semble que pour les scientifiques seniors allemands du programme avec à leur tête Werner Heisenberg, cinq objectifs étaient partagés menant à la non-fabrication de la bombe. 1 : ne pas construire la bombe ; 2 : éviter les questions de la Gestapo à propos de trahison ; 3 : permettre aux jeunes physiciens d’éviter d’être envoyés au front, ce qui aurait mis fin au programme ; 4 : en conséquence, poursuivre la recherche atomique ; 5 : éviter la persécution par le peuple allemand après la guerre pour ne pas avoir fabriqué la bombe. Cinq objectifs atteints.

Dans The New York Review of Books, Thomas Powers, auteur de l’oeuvre Heisenberg’s War : The Secret History of the German Bomb, raconte que c’est à la fin des années 1990, quand la famille du physicien a commencé à publier les lettres qu’il échangeait avec sa femme, Elisabeth Heisenberg, qu’on a pu en savoir plus sur le rôle présumé joué par Werner Heisenberg. Si les échanges ne parlaient pas directement de nucléaire, on comprend tout de même que « lui et d’autres collègues allemands voulaient convaincre leur camp de mettre moins d’argent dans le domaine du nucléaire et réorienter les travaux sur d’autres sujets », écrit Slate.

Si certains nient encore son implication dans la non-construction de l’arme atomique, estimant au contraire que le récit donné par les lettres du couple servait à couvrir ses convictions réelles, Werner Heisenberg restera à jamais comme le « héros salaud », un homme mystérieux et qui fascine. Pour Thomas Powers, qui voit dans le scientifique un homme tout simplement révolté contre son régime, cet homme « qui n’a pas construit de bombe, a été le premier physicien à qui l’on a demandé de se justifier ».