Voyager 1 : une opération de maintenance réussie à plus de 24 milliards de km

Voyager 1
Voyager 1 dérive dans l'espace interstellaire depuis novembre 2018. Crédits : NASA/ JLP

À une distance vertigineuse de la Terre, là où l’influence du Soleil s’efface peu à peu, un petit engin spatial continue de défier les limites de l’exploration spatiale. Voyager 1, lancé en 1977, vient de réaliser un exploit technique remarquable : à près de 24 milliards de kilomètres de notre planète, cette sonde spatiale a réussi à rallumer un de ses propulseurs, ce qui lui permettra ainsi de poursuivre sa mission d’exploration de l’espace interstellaire.

Une manœuvre délicate

Lancée en 1977, Voyager 1 a depuis parcouru plus de 24 630 000 000 et quitté les frontières de notre Système solaire pour s’aventurer dans l’espace interstellaire. Naturellement, une telle épopée n’est pas sans conséquences. La sonde n’est en effet qu’une machine soumise aux lois de la physique et à l’usure du temps. Au fil des années, ses systèmes ont ainsi commencé à montrer des signes de fatigue. Les températures extrêmes de l’espace, les radiations cosmiques et les contraintes mécaniques ont alors mis à rude épreuve ses composants.

Dans ce contexte, la NASA a récemment dû faire face à un défi de taille : réparer un propulseur de Voyager 1. Pour rappel, les propulseurs sont essentiels pour orienter la sonde et maintenir ses antennes pointées vers notre planète, ce qui permet ainsi la transmission de données scientifiques. Or, avec le temps, les tuyères se sont encrassées, réduisant considérablement leur efficacité.

Pour mener à bien cette opération délicate, les ingénieurs de la NASA ont dû relever plusieurs défis. Pour rappel, les signaux radio mettent des dizaines d’heures pour faire l’aller-retour entre la Terre et Voyager 1. Toute commande envoyée à la sonde met donc autant de temps à être exécutée. En outre, la source d’énergie de Voyager 1, un générateur thermoélectrique à radioisotope (RTG), produit de moins en moins d’électricité. Chaque action doit donc être soigneusement planifiée pour ne pas épuiser les batteries. Enfin, les systèmes de Voyager 1 sont anciens et mal documentés. Les ingénieurs ont ainsi dû passer de nombreuses heures à déchiffrer les codes et à comprendre le fonctionnement de la sonde.

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Une sonde spatiale Voyager dans une salle blanche du Jet Propulsion Laboratory en 1977. Crédits : NASA

Une bouffée d’air

Après des mois de préparation, la NASA a finalement donné le feu vert à l’opération il y a quelques jours. Les ingénieurs ont envoyé une séquence complexe de commandes à Voyager 1 en lui ordonnant d’allumer un propulseur de secours. Plus de quarante heures plus tard, la sonde a finalement répondu, prouvant une fois de plus la remarquable ingéniosité des ingénieurs et la robustesse de ce vaisseau légendaire.

Cette réussite est une véritable bouffée d’oxygène pour la mission. Grâce à cette manœuvre, la sonde peut en effet désormais poursuivre sa route à travers l’espace interstellaire et continuer à collecter des données précieuses sur un environnement encore méconnu. Bien que son espérance de vie soit limitée par l’épuisement progressif de ses sources d’énergie, Voyager 1 devrait encore nous surprendre pendant quelques années.

Les scientifiques espèrent notamment en apprendre davantage sur la structure et la composition du milieu interstellaire, sur l’interaction entre le vent solaire et le milieu interstellaire, et sur les éventuelles particules de matière noire qui pourraient traverser notre galaxie.