Depuis quelques années, une pratique assez surprenante est en plein essor : des millions de personnes surveillent régulièrement les avions en ligne aux quatre coins du monde, notamment via le site Flightradar24. Pourquoi assiste t-on à ce suivi du trafic aérien par autant d’individus ?
Une motivation qui ne s’explique pas toujours
Fondé en 2007 par la société suédoise Svenska Resenätverket AB, le site web Flightradar24 permet au public de suivre en temps réel les vols du trafic aérien mondial. La plateforme donne à voir les avions commerciaux (ou privés) et ce, grâce aux données transmises par le transpondeur ADS-B des appareils. En cliquant sur un aéronef, il est possible la plupart du temps de prendre connaissance de son trajet, du type d’appareil, de la compagnie aérienne en charge du vol et bien d’autres informations. Toutefois, il faut savoir que le public peut utiliser d’autres plateformes de suivi du même genre, par exemple FlightAware et AirNav Radar. Aujourd’hui, des millions de personnes à travers le monde suivent avec attention le trafic aérien. Mais pourquoi faire ?
Dans un article publié le 11 septembre 2025, le quotidien britannique The Telegraph a longuement décrit ce phénomène qui interroge. Le fait est qu’il est assez souvent difficile de fournir une explication valable. Par exemple, un vol reliant Guernesey à Manchester (Royaume-Uni) début septembre 2025 a fait l’objet d’un suivi par environ un million d’internautes. Seulement voila, personne ne sait pour quelle raison. Même les responsables du site Flightradar24 n’ont pas été en mesure de fournir une explication à propos de cet engouement pour un vol tout à fait anodin. De plus, ce type de suivi dépourvu de raison évidente n’est pas rare.
Évoquons tout de même le fait que certains utilisateurs sont des voyageurs lambdas (ou leurs familles), ayant recours à ce genre de sites afin de vérifier la ponctualité d’un vol ou encore, prévoir un retard.

Des passionnés d’aviation et d’observation
Évidemment, certaines motivations peuvent s’expliquer assez facilement. De nombreux utilisateurs des sites de suivi du trafic aérien sont des « plane spotters », des passionnés d’aviation et d’observation. Or, avec la démocratisation des sites spécialisés transmettant des données grâce aux émetteurs ADS-B des avions, le hobby a pris de l’ampleur. Par ailleurs, des passionnés recherchent certains appareils tels que le Airbus A300-600ST (Béluga), l’Airbus A380, l’Antonov AN-225 ou encore certains plus historiques comme le Douglas DC-3, ainsi que le Boeing 747 dans sa version classique. Citons aussi le fait que des passionnés tentent de fabriquer eux-mêmes des trackers personnels, notamment avec un mini ordinateur Raspberry Pi et d’un écran LED numérique. D’autres sont équipés de récepteurs radio et d’antennes.
« Le tracker reçoit les données de tous les vols passant au-dessus de la maison et les affiche instantanément sur l’écran LED, qui peut être installé sur un frigo comme sur un bureau. », a déclaré Colin Waddell, un de ces amateurs passionnés.
Une question d’actualité culturelle, sportive ou politique
Rappelons que les sites de suivi du trafic aérien sont tout à fait légaux. En revanche, ceux-ci sont parfois détournés de leur utilisation originelle. L’objectif ? Suivre l’actualité sportive, culturelle ou encore politique. Ainsi, un nombre non négligeable d’utilisateurs sont susceptibles de suivre les déplacements de certaines stars, qu’il s’agisse de chanteurs ou de footballeurs, entre autres.
En ce qui concerne la politique, l’exemple le plus parlant remonte à 2022 lorsque Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, a assuré une visite assez controversée à Taïwan. Un observateur assidu avait partagé son avis sur X (Twitter), stipulant que le vol de la femme politique avait « pris soin » d’éviter la Chine continentale pour se rendre à l’aéroport de Songshan à Taipei (Taïwan), en passant plus au sud via le Kalimantan, la partie indonésienne de l’île de Bornéo.
