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Vous embrassez votre partenaire ? Attention, vous pourriez lui transmettre ce trouble mental

Le baiser, symbole universel d’amour et d’intimité, pourrait-il aussi être un vecteur de troubles psychiques comme l’anxiété ou la dépression ? Cette idée, aussi intrigante qu’inattendue, est au cœur d’une nouvelle étude internationale qui explore les effets du microbiome buccal – cet écosystème invisible de bactéries nichées dans notre bouche – sur notre santé mentale.

Et plus surprenant encore : ces micro-organismes pourraient être transmis entre partenaires lors de contacts intimes… avec des effets mesurables sur le cerveau et les émotions.

Un lien entre bactéries buccales et santé mentale

Si l’on connaît de mieux en mieux le rôle crucial du microbiome intestinal dans notre santé, le microbiome buccal reste encore largement sous-exploré. Pourtant, plusieurs recherches récentes l’ont déjà relié à des pathologies aussi variées que la maladie d’Alzheimer, la schizophrénie, l’autisme ou encore les troubles anxieux et dépressifs.

Dans cette nouvelle étude publiée dans la revue Exploratory Research and Hypothesis in Medicine, des chercheurs issus d’universités en Iran, en Inde, en Italie et au Royaume-Uni ont voulu aller plus loin : le microbiome buccal peut-il non seulement influencer la santé mentale… mais aussi être transmis d’un individu à un autre dans un cadre intime comme la vie de couple ?

Une étude sur de jeunes couples mariés

Pour répondre à cette question, les scientifiques ont suivi 268 jeunes couples, mariés depuis moins de six mois. Dans chaque duo, un des conjoints souffrait d’insomnie chronique accompagnée de symptômes dépressifs et anxieux, tandis que l’autre se déclarait en bonne santé mentale et physique.

Durant six mois, les chercheurs ont analysé :

  • la composition du microbiome buccal (via des prélèvements sur les amygdales et le pharynx),

  • les niveaux de cortisol salivaire, une hormone clé du stress,

  • ainsi que les scores d’insomnie, d’anxiété et de dépression, évalués par questionnaires standardisés.

Pendant toute la durée de l’étude, les couples devaient maintenir leurs habitudes alimentaires et d’hygiène, afin d’écarter les effets de changements extérieurs.

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Des changements physiologiques… et psychologiques

Les résultats sont surprenants : après six mois de vie commune, les partenaires initialement sains ont eux aussi commencé à développer des symptômes de stress, d’anxiété et de dépression. Leurs niveaux de cortisol salivaire avaient augmenté, et leur microbiome buccal s’était rapproché de celui de leur conjoint malade.

Fait notable : les effets étaient plus prononcés chez les femmes. Une tendance déjà observée dans d’autres recherches sur la santé mentale et les couples, mais qui reste encore à mieux comprendre.

Le baiser, un vecteur sous-estimé

Les chercheurs émettent une hypothèse intrigante : les bactéries buccales pourraient se transmettre par le biais des baisers et autres contacts étroits, et contribuer ainsi à modifier les équilibres psychiques des partenaires.

Ce phénomène ferait écho à d’autres formes de synchronisation biologique déjà bien documentées dans les couples, comme :

  • la synchronisation des rythmes cardiaques,

  • l’alignement des cycles de sommeil,

  • ou encore des changements hormonaux croisés.

L’idée que la santé mentale puisse, elle aussi, s’influencer par voie biologique au sein du couple est donc à prendre au sérieux.

Une nouvelle approche de la médecine relationnelle ?

Bien sûr, les auteurs de l’étude restent prudents. Ils reconnaissent plusieurs limites : la méthode repose sur des auto-évaluations, les prélèvements n’ont pas couvert tout le microbiote buccal, et le lien de causalité reste à démontrer.

Mais les implications sont majeures : si ce lien entre microbiome oral et santé mentale se confirme, il pourrait transformer notre vision de la santé psychologique comme un phénomène collectif, et non purement individuel.

Vers une médecine plus holistique

Cette étude ouvre ainsi la voie à de nouvelles pistes de recherche en psychiatrie, immunologie, microbiologie et médecine préventive. Elle pourrait aussi renforcer l’intérêt pour des approches personnalisées et relationnelles en santé mentale, en tenant compte de l’environnement social et intime des patients.

Alors, la prochaine fois que vous embrasserez votre moitié, souvenez-vous : vous ne partagez pas seulement un moment d’affection… mais peut-être aussi une part de votre équilibre psychique.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.