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Vos émotions les plus sombres ont un super-pouvoir caché : découvrez lequel !

Les émotions négatives sont souvent considérées comme des ennemis à fuir, des obstacles à surmonter pour atteindre un bonheur sans faille. La société moderne nous encourage à vivre dans un état de bien-être constant, valorisant l’optimisme et la positivité. Cependant, il est temps de remettre en question cette approche. Et si, au lieu de fuir la tristesse, la colère ou l’anxiété, nous apprenions à les comprendre et à les accepter ? Selon les recherches actuelles, nos émotions sombres ne sont en effet pas seulement des perturbations passagères, mais des signaux importants qui nous aident à naviguer dans la vie. Plutôt que de chercher à les éliminer, nous devrions apprendre à les gérer et à en tirer des enseignements.

La naissance des « péchés capitaux » : une tentative de régulation des émotions

L’idée de rejeter les émotions négatives n’est pas nouvelle. Dès le 9e siècle après J.-C., un philosophe chrétien, Évagre le Pontique, en exil dans le désert, a commencé à classer certaines émotions comme des obstacles à la spiritualité. Il les considérait comme des perturbations de l’esprit, des vices qu’il fallait extirper pour atteindre une vie pure et en harmonie avec Dieu. Ces émotions étaient l’envie, la luxure, la gourmandise, la paresse, la colère, l’avidité, l’orgueil, la vaine gloire, et même le désespoir.

Ces enseignements d’Évagre ont donné naissance à la liste des sept péchés capitaux, révisée plus tard par le pape Grégoire Ier. Mais, en les désignant comme des « péchés », Évagre et Grégoire ont d’une certaine manière attribué à ces émotions une nature malveillante, à éradiquer pour accéder à un état supérieur. Et cette notion a persisté à travers les siècles.

Les émotions négatives : des alliées mal aimées

Et si, au lieu de considérer nos émotions négatives comme des ennemies à éradiquer, nous apprenions à les écouter et à les apprivoiser ? C’est le message porté par le psychologue Ethan Kross, spécialiste en régulation émotionnelle. Pour lui, croire qu’on peut — ou qu’on doit — vivre sans tristesse, colère ou anxiété est non seulement irréaliste, mais profondément contre-productif. « Si votre objectif est de vivre une vie exempte de ces émotions, vous échouerez, car elles font partie intégrante de notre fonctionnement », explique-t-il. « Et même si vous y parveniez, ce serait indésirable, car ces émotions ont une fonction. »

Cette fonction, c’est celle d’un système d’alerte interne. À l’image de la douleur physique, qui nous pousse à consulter en cas de blessure, les émotions négatives nous signalent que quelque chose ne va pas. La tristesse nous invite à ralentir et à intégrer une perte, la colère peut déclencher une action face à une injustice, et l’anxiété nous prépare à faire face à une menace. En ce sens, elles ne sont pas des dysfonctionnements, mais des outils d’adaptation.

Kross pousse même la comparaison plus loin : il évoque une maladie rare dans laquelle les personnes ne ressentent aucune douleur physique. Si cela peut sembler enviable au premier abord, c’est en réalité extrêmement dangereux — ces personnes peuvent se brûler, se fracturer ou se blesser sans en avoir conscience. De la même manière, une vie sans émotions négatives nous exposerait à des risques psychologiques importants. Nous serions incapables d’identifier ce qui ne va pas, et donc de nous ajuster, de nous défendre, de grandir.

Repenser notre rapport aux émotions, c’est aussi les considérer comme des informations plutôt que comme des perturbations. La tristesse, par exemple, n’est pas qu’un poids : c’est un signal de recul, d’introspection. La colère, si elle est bien canalisée, peut devenir un moteur de changement. Même l’envie, tant diabolisée, peut nous motiver à nous dépasser et à progresser. Ce que propose Kross, ce n’est pas de glorifier la souffrance, mais de réhabiliter son sens. Cesser de combattre ces émotions, c’est apprendre à vivre avec elles — et parfois, grâce à elles.

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Accepter et comprendre, plutôt que fuir

La clé, selon Kross, est de comprendre et d’accepter ces émotions, sans chercher à les fuir. « Les émotions négatives ne sont pas un problème à résoudre« , explique-t-il. « Elles sont des informations importantes, qui, lorsqu’elles sont vécues dans les bonnes proportions, peuvent nous aider à mener une vie plus riche et plus épanouie. »

Il propose ainsi de reconsidérer des émotions comme la colère, l’anxiété ou la tristesse comme des alliées, et non comme des ennemies. « Lorsque vous changez votre modèle mental pour comprendre que ressentir ces émotions fait partie de l’expérience humaine, vous transformez radicalement votre expérience de vie. »

Une émotion négative, vécue dans sa juste mesure, nous offre des enseignements précieux. Par exemple, la comparaison sociale, souvent perçue comme un vice, peut être un levier de motivation. En nous comparant à ceux qui réussissent, nous pouvons trouver l’inspiration nécessaire pour atteindre nos propres objectifs.

Des outils pour gérer nos émotions

Pour gérer ces émotions de manière saine et efficace, il est essentiel d’expérimenter différents outils et stratégies. La science a révélé que des méthodes comme la méditation, l’écriture dans un journal, l’exercice physique, ou même l’évitement conscient de certaines situations peuvent être très efficaces pour réguler nos émotions. Cependant, il n’existe pas de méthode universelle ; chaque individu doit trouver ce qui fonctionne pour lui.

Les chercheurs sont convaincus que, grâce à une meilleure compréhension des émotions et des outils de régulation émotionnelle, nous pouvons vivre de manière plus sereine et équilibrée, en accueillant aussi bien les émotions positives que négatives.

En résumé : vivre avec nos émotions, plutôt que contre elles

Plutôt que de fuir notre « côté obscur », apprenons à le comprendre et à en tirer parti. Les émotions négatives ne sont pas là pour nous punir, mais pour nous informer et nous guider. En acceptant cette réalité et en nous armant des bonnes stratégies, nous pouvons transformer nos émotions en alliées puissantes et équilibrer nos vies de manière plus saine.

Alors, la prochaine fois que vous ressentirez de la colère ou de la tristesse, rappelez-vous : ce ne sont pas des ennemis à éradiquer, mais des messagers à écouter et à comprendre.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.