Le vortex polaire, une masse d’air froide en rotation autour de l’Arctique, a récemment subi un événement inhabituel : un renversement majeur de sa direction de rotation. Ce phénomène, provoqué par un réchauffement surprise dans la haute atmosphère, est l’un des demi-tours atmosphériques les plus extrêmes observés ces dernières années. Alors que ce changement ne devrait pas entraîner un « grand gel » similaire aux événements passés, il a néanmoins suscité des préoccupations et des observations intéressantes.
Sous le voile du vortex
Le vortex polaire est un phénomène météorologique essentiel qui se forme dans la stratosphère, la deuxième couche de l’atmosphère terrestre. Il se caractérise par un tourbillon d’air froid et dense tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre autour des régions polaires, principalement au-dessus de l’Arctique en hiver et de l’Antarctique en hiver austral. Ce système de circulation atmosphérique est maintenu par des gradients de température entre les régions polaires et les latitudes moyennes.
Les phénomènes d’inversion du vortex polaire, tels que celui récemment observé, sont souvent déclenchés par un réchauffement stratosphérique soudain (SSW). Un SSW se produit lorsque les températures dans la stratosphère augmentent de manière significative et soudaine sur une période de quelques jours à quelques semaines. Cette augmentation de température peut être induite par des ondes planétaires dans l’atmosphère.
Les ondes planétaires sont des ondulations dans les vents atmosphériques qui se propagent généralement d’ouest en est à travers la troposphère et la stratosphère. Elles sont générées par des forces telles que la topographie terrestre, la chaleur solaire et les interactions entre les masses d’air chaud et froid. Lorsque ces ondes planétaires atteignent la stratosphère, elles peuvent interagir avec le vortex polaire et perturber son flux.

Un effet temporaire sur l’ozone
L’inversion actuelle du vortex polaire a commencé le 4 mars et s’est caractérisée par des vents inversés atteignant des vitesses exceptionnelles, classant cet événement parmi les six premiers jamais enregistrés. Bien que ces renversements aient souvent des répercussions sur les conditions météorologiques à l’échelle mondiale, les prévisions suggèrent cette fois-ci que la forme du jet-stream, qui influence les conditions météorologiques, reste largement inchangée.
Cependant, ce renversement a entraîné un effet inattendu : un « pic d’ozone » record au-dessus du pôle Nord. Ce pic temporaire d’ozone est le résultat du changement de température de l’air autour de l’Arctique qui aspire de grandes quantités d’ozone des basses latitudes vers la région arctique. Actuellement, jamais autant d’ozone dans l’Arctique n’avait été enregistré, bien que cela devrait revenir à la normale une fois le vortex polaire rétabli.
Ce n’est pas le premier événement de ce genre cette année, avec un renversement plus petit en janvier ayant déjà eu lieu. L’analyse des archives historiques révèle que ces événements sont plus susceptibles de se produire pendant les phases El Niño ou La Niña, qui sont des cycles naturels de réchauffement et de refroidissement planétaires. Actuellement, nous sommes au milieu d’un El Niño majeur, ce qui pourrait rendre plus probables d’autres renversements ou perturbations au cours de l’année prochaine.
Alors que cet événement met en évidence la complexité du système climatique de la Terre et les interactions dynamiques entre ses différentes composantes, il souligne également l’importance de la surveillance continue et de la recherche dans ce domaine. Comprendre ces phénomènes est en effet crucial pour prédire et atténuer les impacts potentiels sur les conditions météorologiques, l’environnement et la santé humaine à l’avenir.