Les voitures autonomes ont de quoi faire rêver et semblent de plus en plus proches d’être commercialisées. Il n’y a qu’à voir les démonstrations de Google ou les rumeurs d’un système fabriqué par Apple.
Leur intérêt est évident puisque les voitures autonomes devraient considérablement réduire le nombre d’accidents sur les routes et améliorer le confort des utilisateurs. Le marché devrait exploser et annonce le début de difficultés juridiques et éthiques d’une complexité inédite. Un secteur particulièrement inquiété par l’arrivée de ces voitures sur les routes est l’assurance. Bien sûr, les besoins en assurance et leur montant diminueraient théoriquement autant que les risques d’accident, soit rapidement et fortement.
Le problème est d’identifier le responsable d’un incident, comme l’explique Pascal Demurger, directeur du groupe MAIF : « Lorsqu’un véhicule conçu pour que personne ne tienne le volant sort de la route, vers qui se tourner pour identifier le responsable ? Le constructeur du modèle, le sous-traitant qui a conçu les algorithmes, le gestionnaire des données, la société qui a fabriqué les capteurs, les pouvoirs publics qui entretiennent l’infrastructure routière ? ». Le directeur assurances de biens et de responsabilités de l’entreprise Allianz France, François Nédey, ajoute que « des évolutions très profondes de la réglementation devront intervenir, quitte à ce que cela prenne une dizaine d’années ».
Le principal problème tient au fait que les voitures autonomes ne vont pas remplacer instantanément les véhicules actuels. Au lieu de cela, une lente transition verra les deux types de véhicule circuler au même temps, les accidents impliquant à la fois des voitures autonomes et « classiques » se révèleront très compliqués. Une couche supplémentaire de difficulté vient des risques de cybercriminalité. Le piratage des voitures robotisées pourrait perturber plus encore l’identification des responsables. Dès lors, les compagnies d’assurance chercheront probablement à contrôler par avance les logiciels contrôlant les véhicules. C’est au moins ce qu’affirme François Nédey qui prévoit qu’« à partir du moment où ils seront tenus d’indemniser les dommages, les assureurs demanderont sans doute à valider les algorithmes des logiciels installés par les constructeurs ».