La voiture électrique se présente comme étant une composante essentielle de la transition énergétique. Pourtant, il semblerait que son bilan est à revoir. La consommation d’eau en lien avec la fabrication de ces véhicules se révèle en effet être un véritable problème dans de nombreux pays.
Une ligne de production pas si propre
La notion de voiture électrique propre et écoresponsable est-elle un mythe ? Il y a de fortes chances que la réponse soit oui. S’il est vrai que ce type de véhicules ne rejette pas de GES dans l’atmosphère, la ligne de production est loin d’être exemplaire. En effet, assembler batteries et moteurs nécessite de grandes quantités d’eau. Par exemple, extraire un kilogramme de cuivre nécessite entre 130 et 270 litres d’eau. On atteint par ailleurs une quantité d’or bleu se situant entre 1700 et 2000 litres concernant le lithium. Autrement dit, la question de la consommation en eau est très importante lorsque l’on a pour objectif de produire en masse des véhicules électriques. Et malheureusement, le dérèglement climatique a tendance à raréfier cette ressource.
En 2020, l’agence de notation Fitch Ratings expliquait dans son dernier rapport que pas moins de deux tiers des mines industrielles se trouvent dans des zones sujettes à la sécheresse, souvent en Afrique. Les pays occidentaux exploitent ainsi une ressource vitale pour les populations locales et malheureusement, les problèmes économiques et sociaux s’empilent.
Des populations menacées par le manque d’eau
Il est possible de citer l’exemple de la mine de cobalt de Bou Azzer au Maroc, qui permet notamment à Renault de produire ses batteries. Chaque année, ces installations prélèvent l’équivalent de la consommation en eau d’environ 50 000 habitants. Certaines populations locales se sont révoltées en 2011 face au manque d’eau, notamment pour l’irrigation. Néanmoins, les habitants ont été déplacés moins d’une décennie plus tard et la ressource est devenue la propriété de la mine.
Évoquons un autre exemple, celui de la mine de cuivre d’El Soldado au Chili, que des habitants de la région de Valparaiso ont occupé illégalement en 2020. La société Anglo American pompait légalement 453 litres d’eau par seconde, mais les 11 000 habitants de la zone vivaient quotidiennement avec des coupures d’eau fréquentes. L’entreprise a alors décidé de construire une usine de dessalement afin de couvrir la moitié de ses besoins en eau et ainsi limiter les coupures chez les locaux.
Pour de nombreux observateurs, la production en masse de véhicules électriques représenterait donc un problème plutôt qu’une solution, d’autant que la consommation excessive d’eau prive certains habitants de cette ressource vitale dans un contexte aggravant (le réchauffement climatique) et avec des conséquences sur l’environnement (pollution). À terme, il se pourrait ainsi que la production de véhicules électriques elle-même soit menacée.