Il devient de plus en plus difficile de voir les étoiles

observation voie lactée ciel
Crédits : den-belitsky/iStock

Une enquête sur des dizaines de milliers d’observations citoyennes du ciel nocturne faites sur une période de dix ans montre que les étoiles se retrouvent de plus en plus baignées dans la pollution lumineuse humaine. En moyenne, le ciel devient en effet plus lumineux à un taux de 9,6% chaque année. Les détails de l’étude sont publiés dans Science.

Il existe encore sur Terre quelques coins de ciel sombre, mais au-dessus d’une grande partie de la surface, le ciel brille généralement d’un crépuscule artificiel causé par la diffusion de la lumière anthropique dans l’atmosphère. Le phénomène a augmenté de façon exponentielle pendant une grande partie du 20e siècle en raison de la croissance démographique, de l’expansion des colonies et du déploiement de nouvelles technologies d’éclairage. Et visiblement, la situation ne fait qu’empirer.

Dans le cadre de récents travaux, des chercheurs se sont penchés sur plus de 50 000 observations du ciel nocturne faites dans le monde de 2011 à 2022 dans le cadre du projet Globe at Night. Selon leur analyse, le ciel serait devenu 9,6% plus lumineux chaque année au cours de cette période. Certaines étoiles aux lueurs plus faibles disparaissent ainsi régulièrement de notre champ de vision.

« La principale découverte est que la visibilité des étoiles diminue à un rythme remarquablement rapide, plus rapide que prévu sur la base des données satellitaires et de la croissance démographique par exemple« , alerte Christopher Kyba, chercheur à l’université de Bochum, en Allemagne.

étoiles pollution lumineuse
Ce graphique montraecomment la visibilité des étoiles décline avec la quantité de lumière au sol.
Crédits : NOIRLab/NSF/AURA, P. Marenfeld

La faute aux LED ?

Les chercheurs attribuent une grande partie de cette dégradation incroyable des observations à l’avènement des lampes à LED (diodes électroluminescentes). « Étant donné que les LED permettent de produire plus de lumière pour la même quantité d’énergie, l’un des résultats de leur développement a été une utilisation accrue de la lumière« , poursuit l’astronome. Ce dernier rappelle également que la méthode utilisée pour produire du blanc avec ces ampoules finit toujours par émettre beaucoup de lumière bleue. Or, la lumière bleue est la plus problématique pour la luminosité du ciel.

Pour Fabio Falchi, physicien spécialisé dans la pollution lumineuse à l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle, ces travaux montrent que les efforts déployés visant à contrôler la lumière ne fonctionnent pas, du moins à l’échelle continentale. Selon lui, une prise de conscience est essentielle pour que la lumière artificielle « soit perçue non pas comme une chose toujours positive, mais comme le polluant qu’elle est vraiment.« 

Les chercheurs proposent donc de repenser notre manière d’utiliser la lumière, d’autant qu’en plus de nuire à notre capacité à observer le ciel nocturne, cette pollution lumineuse peut aussi avoir des effets néfastes sur les animaux nocturnes. Nous savons notamment qu’un certain nombre d’espèces utilisent les étoiles comme source d’information directionnelle. Chez les lucioles, les phares, lampadaires et autres panneaux publicitaires empêchent par exemple les mâles de repérer les lumières émises par les femelles. Et sans accouplement, il n’y a pas de nouvelles générations.