Une étude finlandaise s’est consacrée à déterminer le rôle exact que jouent les ocelles noirs et dorés dans la survie des papillons qui les arborent. Les scientifiques ont ainsi voulu savoir si ces motifs effrayaient les prédateurs du fait de leur ressemblance avec les yeux d’un hibou ou simplement à cause de leurs couleurs contrastées.
Certains lépidoptères (papillons) arborent sur leurs ailes de petites taches circulaires, au centre noir et aux contours dorés, pouvant faire penser à des yeux de hibou. Bien que les scientifiques soupçonnent depuis longtemps que ces motifs, appelés ocelles, jouent un rôle déterminant dans la survie de ces insectes, ils ignoraient jusqu’alors les effets que ces dessins exercent réellement sur les prédateurs. Des chercheurs finlandais ont ainsi eu l’idée de réaliser une expérience afin de déterminer si les assaillants sont effrayés parce que les ocelles des papillons miment les yeux d’un hibou ou simplement parce qu’ils sont constitués de couleurs contrastées (assimilées par le prédateur comme un signe d’avertissement).
Pour ce faire, les chercheurs ont placé un ver de farine mort sur un écran afin d’attirer des mésanges charbonnières (Parus major). Lorsque ces dernières se rapprochaient de leur proie, le moniteur diffusait alors les images suivantes de manière successive : un hibou (prédateur de la mésange) avec les yeux ouverts, un hibou avec les yeux fermés, un papillon avec des ocelles sur les ailes, un papillon dont la couleur des ocelles avait été inversée (centre jaune et périphérie noire) et pour terminer, un papillon dont les motifs avaient été supprimés par ordinateur.
Selon les résultats de l’étude, qui ont été publiés dans la revue The Royal Society, 57% des mésanges ont fui et/ou ont produit des gazouillis d’avertissement lorsque l’image du hibou avec les yeux ouverts leur a été présentée. Fait étonnant, cette proportion est montée à 68% lorsque les oiseaux ont été confrontés au cliché du papillon avec des ocelles. En revanche, face à l’image d’un papillon avec des ocelles aux couleurs inversées, seulement 33% des mésanges ont montré des signes de crainte ou de surprise. Enfin, ce taux est devenu proche de zéro lorsque la photo avec un lépidoptère sans motifs a été affichée.
Ces données suggèrent donc que ce ne sont pas uniquement les couleurs contrastées des ocelles qui effraient les prédateurs, mais que l’agencement des teintes au sein de ces taches est également d’une importance capitale. Les chercheurs en ont ainsi conclu qu’un véritable phénomène de mimétisme était à l’oeuvre et que les motifs présents sur les ailes de ces papillons étaient par conséquent d’autant plus dissuasifs qu’ils se rapprochaient du regard d’un hibou (à savoir une pupille noire et une rétine dorée).
Sources: The Royal Society, Sciences&Avenir