Lorsque Boston Dynamics a commencé la commercialisation de son robot quadrupède Spot, beaucoup se sont inquiétés de ses utilisations futures, et notamment du risque qu’il serve d’arme de guerre ou qu’il puisse blesser la population. Bien loin de ces préoccupations, Throwflame, une société américaine basée dans l’Ohio, vient quant à elle proposer à la vente son tout premier chien-robot équipé d’un lance-flamme et disponible à l’achat pour moins de 10 000 dollars. Ironiquement doté d’un nom qui fait froid dans le dos, le Thermonator peut déclencher des incendies à distance et affiche des caractéristiques techniques impressionnantes.
Un chien-robot lance-flamme… légal aux États-Unis
Si l’acquisition d’un lance-flamme est interdite par le Code pénal français et prévoit une peine jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende qui pourrait dissuader n’importe quel citoyen de vouloir littéralement jouer avec le feu, les règles sont plus laxistes aux États-Unis. La législation ne considérant pas ce type d’équipement comme une arme à feu à proprement parler, il est possible d’en faire l’acquisition légalement dans la plupart des États américains (à l’exclusion du Maryland et de la Californie qui requiert au préalable l’acquisition d’un permis). Throwflame, une entreprise spécialisée dans la conception de ce type d’engins, est donc bien décidée à exploiter ce filon.
La société vient d’ailleurs officiellement de commercialiser son chien-robot cracheur de feu, déjà teasé lors d’une présentation tout feu tout flamme fin mai 2023. Il est en effet dès à présent possible d’acheter cet appareil pour la modique somme de 9 420 dollars (environ 8 815 euros) sur le site de la marque.

Le Thermonator sous le feu des projecteurs
Tout d’abord, il faut savoir que l’entreprise Throwflame n’a pas fabriqué le robot-chien elle-même. Elle exploite les produits d’Unitree Robotics spécialisée dans la mise au point de robots quadrupèdes ou humanoïdes et il s’agit ici du robot Go2, vendu par la société chinoise pour environ 1 500 euros. Il mesure ainsi 76,2 cm de long, 50,8 cm de large pour une hauteur de 50,8 cm, et peut éviter certains obstacles grâce à sa vision laser ou encore sauter dans les airs.
Côté technique, Throwflame affirme que ce produit, équipé du modèle de lance-flamme ARC de la marque, est capable de « fournir un feu à la demande n’importe où ». Il affiche par ailleurs une vitesse maximale de 9,6 km/h et une portée des flammes d’un peu plus de neuf mètres. Le Thermonator doit toutefois être alimenté en essence ou avec un mix de diesel pour pouvoir projeter ses flammes.
Quelles utilisations pour le Thermonator ?
Avec un nom qui rappelle très légèrement celui d’un assassin cybernétique impitoyable venu d’un futur post-apocalyptique, une entreprise qui le dit « conçu pour allumer des cibles à distance dans des conditions dangereuses » et une section du site destinée à la vente pour un usage militaire, on peut évidemment craindre l’utilisation qui sera faite de ce robot.
Pourtant, Throwflame ne présente pas ouvertement son produit comme une arme et lui prête même des usages pacifiques tels que la gestion agricole, la conservation écologique, le contrôle et la prévention des feux de forêt, le déneigement et déglaçage ou même encore le divertissement et effets spéciaux pour les amateurs de spectacles pyrotechniques.
Reste que la société décrit son chien-robot comme « prêt à tout ». Et avec un produit muni d’une visée laser pour projeter des flammes avec plus de précision, une technologie LiDAR pour des données altimétriques affinées, une autonomie d’une heure, un contrôle à distance avec une vue à la première personne sur un écran déporté, le tout pris en main grâce à une simple connexion Wi-Fi ou Bluetooth, on ne peut que la croire.
Le Thermonator, une révolution controversée dans le monde de la robotique
Alors que le Thermonator soulève des interrogations sur ses potentielles dérives, il marque également un tournant dans l’évolution des robots autonomes en termes de capacités techniques et de polyvalence. Avec des innovations comme la visée laser et la technologie LiDAR, ce chien-robot démontre à quel point la robotique peut s’adapter à des usages variés, qu’ils soient civils ou industriels. Cette avancée soulève néanmoins une question cruciale : où tracer la ligne entre l’innovation technologique et la responsabilité éthique ? Le développement rapide de tels appareils pourrait encourager une réglementation internationale pour encadrer leur utilisation et éviter qu’ils ne tombent entre de mauvaises mains, qu’elles soient individuelles ou institutionnelles.