Voici pourquoi nous sommes devenus plus endurants il y a 2 millions d’annĂ©es

marathon course Ă  pied
Crédits : Pixabay / Scapin

L’inactivation d’un gène opérée il y a environ deux millions d’années nous a rendus plus endurants, nous conférant un avantage de taille pour la chasse. Les détails de cette étude ont été publiés dans les Actes de la Royal Society B.

Il y a environ deux millions d’annĂ©es en Afrique, les forĂªts denses ont laissĂ© place aux grandes plaines puis Ă  la savane. Impossible dès lors de sauter d’arbre en arbre. Pour chasser, il a donc fallut s’aventurer au sol. Peu Ă  peu, certains primates ont commencĂ© Ă  se relever, pour voir au-dessus des herbes. Pas longtemps au dĂ©but, puisque le bassin n’était pas formĂ© pour. Mais au fil du temps les corps se sont transformĂ©s pour finalement permettre la bipĂ©die.

Courir plus longtemps

Nos ancĂªtres dĂ©veloppèrent alors de longues jambes Ă©lancĂ©es, de grands pieds, de puissants muscles fessiers et un système expansif de glandes sudoripares permettant de dissiper la chaleur africaine beaucoup plus efficacement que les autres mammifères. Mais sans arbres pour se cacher, impossible de compter sur l’effet de surprise. Il a donc fallu courir après les proies, pour les user. Pour ce faire, nos ancĂªtres avaient besoin dâ€™Ăªtre endurants. Plus que les autres. Et la Nature l’a visiblement bien compris.

Selon une rĂ©cente Ă©tude, c’est en effet Ă  peu près Ă  ce moment-lĂ  qu’une mutation dans un seul gène – appelĂ© CMAH – s’est rĂ©pandue. Beaucoup l’avaient prĂ©dit, mais une Ă©tude menĂ©e chez la souris vient confirmer l’hypothèse.

courir
Une mutation d’un seul gène peut avoir aidé les humains à devenir de meilleurs coureurs de fond. Crédits : Pixabay

Le biologiste Ajit Varki, de l’UniversitĂ© de Californie Ă  San Diego, a passĂ© plusieurs annĂ©es Ă  Ă©tudier des souris gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es pour les amener Ă  prĂ©senter la mĂªme inactivation du gène CMAH que les humains. Ă€ la base, ses travaux portaient sur l’effet de cette inactivation sur le diabète, le cancer et la dystrophie musculaire. Mais qu’en Ă©tait-il des capacitĂ©s d’endurance ? « Cela fait environ 10 ans que j’essaie de convaincre un membre de mon laboratoire de placer ces souris sur un tapis roulant, explique-t-il. Quand il a finalement rĂ©alisĂ© l’expĂ©rience, les souris dont le gène CMAH Ă©tait inactif Ă©taient alors plus endurantes que les autres ».

12 % plus vite, sur une distance 20 % plus longue

Les muscles des souris qui prĂ©sentaient l’inactivation du gène – en particulier ceux des membres postĂ©rieurs – utilisaient en effet l’oxygène plus efficacement. Ils Ă©taient ainsi plus rĂ©sistants Ă  la fatigue. Plus prĂ©cisĂ©ment, les souris porteuses de la mutation couraient 12 % plus vite, et sur une distance 20 % supĂ©rieure par rapport Ă  leurs congĂ©nères.

Ainsi, de tels changements ont contribuĂ© Ă  l’émergence de la capacitĂ© humaine Ă  parcourir de longues distances sans trop se fatiguer. Nos ancĂªtres pouvaient Ă©galement chasser sous la chaleur du jour, tandis que les proies et d’autres carnivores se reposaient Ă  l’ombre. Rapidement Ă©puisĂ©es sous le soleil, les proies n’avaient finalement pas d’autre choix que de s’arrĂªter pour reprendre leur souffle. Il suffisait alors Ă  l’Homme de porter le coup de grĂ¢ce.

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