Voici l’anguille la plus « électrique » jamais découverte

anguille
Crédits : Leandro Sousa

De récentes analyses ont révélé l’existence de nouvelles espèces d’anguilles électriques en Amérique du Sud. Dont une capable de produire des décharges allant jusqu’à 860 volts.

Pouvant mesurer jusqu’à 2,5 mètres de long, les anguilles électriques sont connues depuis environ 250 ans. Jusqu’à présent en revanche, nous pensions que tous les spécimens observés appartenaient à une même espèce. De nouvelles analyses faites en Amazonie montrent aujourd’hui que nous avons eu tort. Trois espèces semblent (pour l’instant) se distinguer, chacune présentant des formes, des facteurs génétiques et même des capacités de production de décharges électriques très différentes. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Communications.

« Pouvoir encore trouver de nouveaux poissons d’une telle taille dans la forêt amazonienne, en dépit des activités humaines qu’elle subit depuis 50 ans, montre qu’il reste énormément d’espèces à découvrir, explique C. David de Santana, du Muséum national d’histoire naturelle de Washington et principal auteur de l’étude. Nombre d’entre eux peuvent guérir des maladies ou inspirer des innovations technologiques, renforçant le besoin crucial de protéger les points chauds de la biodiversité de la planète ».

Des ADN très différents

Pour ces travaux, les chercheurs expliquent avoir analysé 107 anguilles électriques dans les eaux du nord de l’Amérique du Sud. Ils ont mesuré leur taille, examiné leur forme et prélevé des échantillons ADN. Il est ressorti que trois espèces se différenciaient par la forme de leur tête d’une part, mais aussi et surtout par leurs informations génétiques. On apprend, plus précisément, que l’ADN mitochondrial – l’ADN contenu dans la centrale des cellules – de chacune de ces trois espèces diffère davantage de celui de l’ADN mitochondrial humain avec celui des chimpanzés.

Trois nouvelles espèces d’anguilles identifiées dans les rivières amazoniennes. Crédits : Pixabay

Des décharges de 860 volts

Ces trois espèces n’ont pas encore été nommées officiellement, mais les chercheurs ont fait des propositions : Electrophorus voltai, Electrophorus electricus et Electrophorus varii. les deux premières fréquentent les eaux claires des régions de haute altitude au Guyana et au Brésil. La troisième préfère évoluer dans les basses terres (eaux boueuses), situées au-dessous du niveau de la mer. L’analyse a également révélé que E. voltai pouvait produire des chocs atteignant 860 volts. C’est plus que tout autre organisme connu. Les deux autres espèces ne sont pas en reste, capables de produire des décharges de 650 volts.

Cette nouvelle étude nous prouve une fois de plus que les rivières d’Amazonie regorgent de créatures qui, semble-t-il, n’ont pas encore été identifiées. Brosser un tableau précis des espèces dans ces rivières permettra de favoriser leur protection face à l’ingérence humaine dans la région. Il serait également très intéressant de mener le même type d’analyses dans les rivières tropicales d’Afrique et d’Asie du Sud-Est.

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