De l’agriculture intensive à l’agriculture écologiquement intensive
Pour les agriculteurs, des solutions existent également et sont déjà à l’oeuvre dans certaines régions de France :
- Cesser de labourer : le labour sert à ouvrir la terre pour ensemencer et enfoncer les mauvaises herbes, mais comporte plusieurs inconvénients majeurs : il fait remonter les cailloux du sol à sa surface, il tasse la terre, la rendant plus imperméable à l’eau, il fait sortir les vers de terre qui se font dévorer par les oiseaux et remet les engrais de l’an passé à la surface, les faisant transporter par le vent qui vont les transformer en gaz à effet de serre. Tout ceci, alors que cette activité « laborieuse » fait perdre du temps, de l’énergie et de l’essence (des tracteurs).
- Faire travailler les vers de terre (50 kg de vers de terre par hectare dans un sol labouré pour de la culture intensive / 5 tonnes de vers de terre par hectare dans une prairie bio) ; L’eau et les racines peuvent s’infiltrer dans les nombreuses cavités verticales creusées par les vers de terre. Ces animaux ont également la capacité de dégrader les résidus de culture, rendant la terre plus saine. Enfin, leurs déjections favorisent la croissance des plantes.
- Couvrir nos champs 365 jours par an : les champs ne sont utilisés que 6 mois de l’année. Or, en remplaçant le labour par le ver de terre, il est possible de les faire travailler toute l’année.
- Utiliser les champignons : les mycorhizes apparaissent quand il se met à pleuvoir. Ils développent un immense réseau dans la terre en suivant les racines des plantes. Ceux-ci assurent le transport des excédents de nutriments vers les zones déficitaires, assurant ainsi une allocation optimale des nutriments.
- Rassembler les cultures : associer les plantes à racines profondes avec des plantes à racines peu profondes, comme le blé et le pois. Cela permet d’économiser les engrais, de diminuer les maladies et de récolter un blé de meilleure qualité. Ces deux plantes ont en plus l’avantage de pouvoir être semées en même temps et de pousser en même temps en s’aidant l’une de l’autre. En plus, elles se récoltent au même moment et comme les grains ont des tailles différentes, il suffit de les tamiser pour séparer les deux graines.
- Planter des arbres et des haies dans les champs (Agroforesterie) : les racines profondes des arbres font remonter les éléments nutritifs vers les cultures. Et cela permettrait de faire revenir les oiseaux qui mangeront les insectes, au lieu d’utiliser des insecticides à foison.
- Laisser les élevages dans les vergers (Sylvopastoralisme) : les vaches normandes sous les pommiers ont toujours fait du bon camembert, et le cidre s’en porte toujours mieux.
- Développer l’élevage de prédateurs dans les cultures : coccinelles, chauve-souris, abeilles, mésanges, chouettes…
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Bruno Parmentier, ancien directeur général de l’ESA (Ecole supérieure d’agriculture d’Angers) et passionné des différents modes d’agricultures et de nos pratiques alimentaires, nous explique à travers sa conférence à l’Université de Nantes le 3 décembre 2014 quel est le bilan actuel et quelles peuvent être les solutions pour nourrir l’Humanité entière demain. (Mettre la vidéo à partir d’1H20 pour écouter les solutions agricoles)