Voici Hector, l’orage le plus rĂ©gulier du monde !

Cumulonimbus associés à Hector, vus depuis Darwin (Australie). Crédits : Wikimedia Commons.

L’atmosphère a beau Ăªtre un milieu chaotique, certaines choses semblent parfois Ăªtre rĂ©glĂ©es avec une prĂ©cision d’horloger. Parmi elles, se trouve la survenue exceptionnellement rĂ©gulière d’un orage au-dessus des Ă®les Tiwi lors de la mousson d’étĂ©. Un orage quasi-quotidien baptisĂ© Hector.

Entre septembre et mars, jour après jour, ce petit archipel situĂ© au nord de l’Australie voit quasiment le mĂªme scĂ©nario se dessiner. Après une matinĂ©e chaude et ensoleillĂ©e, des nuages menaçants envahissent rapidement le ciel. Ils finissent par Ă©voluer jusqu’au stade de cumulonimbus, souvent dès la mi-journĂ©e, parfois en cours de soirĂ©e. Le tonnerre gronde et de fortes pluies se mettent alors Ă  tomber.

Une rĂ©gularitĂ© aux intĂ©rĂªts multiples

La prĂ©sence de cet orage est si rĂ©gulière qu’il a servi de balise de navigation, que ce soit pour les marins ou les aviateurs de la rĂ©gion qui le nommèrent Hector durant la Seconde Guerre mondiale. Outre le fait dâ€™Ăªtre un Ă©lĂ©ment visuel signifiant pour la navigation et l’aviation, la formation rĂ©gulière et prĂ©cisĂ©ment localisĂ©e du phĂ©nomène constitue une zone atelier pour l’étude de la convection orageuse. En effet, de nombreux travaux ont Ă©tĂ© menĂ©s dans la rĂ©gion. Certains ont portĂ© sur le phĂ©nomène Hector en tant que tel, d’autres sur le fonctionnement plus gĂ©nĂ©ral des systèmes convectifs.

Les Ă©tudes dĂ©diĂ©es Ă  Hector ont pu montrer que son apparition quasi systĂ©matique est liĂ©e Ă  la configuration particulière des brises de mer au niveau de l’archipel. En cours de journĂ©e, celles-ci progressent vers l’intĂ©rieur des terres et finissent par se rencontrer, forçant l’air Ă  se soulever sur une profondeur notable. Une dynamique bien visible sur l’animation ci-dessous.

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Formation d’Hector vue par satellite. CrĂ©dits : CIRA / NOAA.

En raison de la forte humidité ambiante, les parcelles entrent rapidement en régime instable et mènent à la formation de panaches convectifs de type cumulonimbus. Ces derniers s’étendent parfois jusqu’à une vingtaine de kilomètres d’altitude. Autrement dit, plus de deux fois la hauteur du mont Everest ! Selon le régime de vent à plus grande échelle, Hector pourra se former sur la moitié ouest ou est des îles.

Quand Hector manque à l’appel

Enfin, reste les rares fois oĂ¹ l’orage ne se forme pas alors que la saison y est propice. Les observations satellitaires ont rĂ©vĂ©lĂ© que ces exceptions Ă©taient le plus souvent liĂ©es au passage d’organisations orageuses plus vastes Ă  proximitĂ©, lesquelles induisent une subsidence de l’air dans les rĂ©gions environnantes. Or, il s’agit lĂ  d’un Ă©lĂ©ment très dĂ©favorable Ă  la convection puisqu’il joue un peu le rĂ´le d’un couvercle. Beaucoup plus rarement, l’air est simplement trop sec et les cumulus ne parviennent pas Ă  prendre suffisamment d’ampleur. NĂ©anmoins, ces quelques ratĂ©s ne viendraient ternir l’image d’un Hector connu comme Ă©tant l’orage le plus rĂ©gulier du monde.