Il y a peu, une quinzaine de volontaires a débuté une expérience hors du commun : passer 40 jours dans une grotte afin de pousser le confinement à l’extrême. L’objectif ? Étudier les capacités du cerveau à faire face au confinement d’un point de vue émotionnel et adaptatif. Les scientifiques responsables de cette initiative désirent trouver des solutions pour répondre aux effets induits par ces changements extrêmes.
Apprendre les liens entre nos cerveaux et le temps
Une année après le premier confinement en France, l’expédition Deep Time vient de débuter. Le 14 mars 2021, 15 bénévoles âgés de 27 à 50 ans ont rejoint la grotte de Lombrives à Ussat (Ariège), leur nouveau lieu de vie pour les prochaines semaines. Sur le site officiel de l’expédition, le chef de mission Christian Clot explique :
« Durant une période exceptionnelle, une expédition hors du commun, en France : 40 jours sous terre pour apprendre les liens entre nos cerveaux et le temps, ainsi qu’avec la capacité de synchronisation fonctionnelle au sein d’un groupe. Il s’agit d’un besoin fondamental pour notre avenir.»
Il faut dire que durant les confinements – synonymes de perte de repères spatio-temporels – en lien avec la situation sanitaire induite par le coronavirus SARS-CoV-2, nos capacitĂ©s d’adaptation ainsi que nos Ă©motions ont Ă©tĂ© malmenĂ©s. Or, l’expĂ©dition Deep Time servira Ă comprendre comment rĂ©pondre aux impacts provoquĂ©s par ces changements.

Une première mondiale
Les participants séjournent dans la grotte sans montre, sans téléphone ni lumière naturelle. Par ailleurs, les conditions environnementales sont plutôt difficiles, avec une température de 12 °C et un taux d’humidité de 95 %. De plus, l’équipe devra se servir d’un système de pédalo pour générer sa propre électricité et puiser de l’eau à une profondeur de 45 m. À la surface, des scientifiques suivront les participants à l’aide de capteurs.
Selon Étienne Koechlin, directeur du laboratoire de neurosciences cognitives et computationnelles à l’École Normale Supérieure (ENS), l’expédition Deep Time est une première mondiale. L’intéressé a indiqué que jusqu’à maintenant, toutes les missions de ce type avaient pour objectif l’étude des rythmes physiologiques du corps. En revanche, il ne fut jamais question de mesurer l’impact de ce genre de rupture temporelle sur les fonctions cognitives et émotionnelles de l’être humain.
Il y a quelques semaines, nous évoquions les expériences de l’illustre géologue français Michel Siffre. L’intéressé avait pour objectif de prouver qu’il existait une horloge interne chez les humains, imposant à leur organisme un rythme de 24 heures. Renforçant grandement les connaissances dans le domaine de la chronobiologie, Michel Siffre aura notamment passé deux mois complets dans le gouffre de Scarasson (Alpes Ligures), à 100 m de profondeur.