Voici comment nous pourrions détecter la vie sur Encelade

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Illustration de la sonde Cassini volant à travers des panaches d'Encelade en octobre 2015. Crédits : NASA / JPL-Caltech

Détecter la vie sur Encelade sans même se poser au sol serait techniquement possible, selon une récente étude publiée dans The Planetary Science Journal. Toutefois, ce ne serait pas facile pour autant. Voici comment nous pourrions opérer.

Encelade, l’une des lunes de Saturne, intéresse vivement les astrobiologistes. Et pour cause, nous savons grâce à Cassini que des jets de vapeur émanent de sa croûte glacée, suggérant la présence d’un océan global souterrain reposant sur un noyau rocheux. Les données de nombreux survols ont montré que le panache contenait une abondance de dihydrogène (H2), ce qui laisse entendre la présence d’évents hydrothermaux sur le fond marin, semblables à ceux de la Terre. Les données reflétaient également la présence de dioxyde de carbone et de méthane (CH4), suggérant la possible présence d’organismes à métabolisme méthanogène autour de ces évents.

Dans le cadre d’une récente étude, des chercheurs de l’Université d’Arizona ont modélisé l’environnement hydrothermal d’Encelade pour estimer la masse d’un tel écosystème méthanogène. Ils ont alors été surpris de constater que l’abondance hypothétique de ces cellules ne représenterait que la biomasse d’une seule baleine noyée dans l’océan mondial d’Encelade. Autrement dit, la biosphère de cette lune pourrait être très clairsemée.
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Illustration d’une activité hydrothermale possible qui pourrait avoir lieu sur et sous le fond marin de l’océan souterrain de la lune, sur la base des résultats de la mission Cassini de la NASA. Crédit : NASA/JPL-Caltech

Une centaine de survols

Malgré tout, toujours selon ces calculs, et en supposant que la majeure partie du méthane d’Encelade provient effectivement de méthanogènes résidant au plus profond de son océan lunaire, une quantité non négligeable de ces cellules pourrait tout de même remonter jusqu’en surface pour être libérée en surface via des geysers. Cependant, les capturer serait un véritable défi.

Des recherches antérieures ont en effet indiqué que 93 % du matériau de ces panaches retombe sur la surface. Autrement dit, cela signifie qu’une quantité négligeable de ces cellules pourrait être captée au vol par une sonde en orbite. Par ailleurs, toutes les cellules qui pénètrent dans ces panaches ne survivent pas aux changements de pression au moment de remonter vers la surface.  (94% seraient détruites, selon ces mêmes expériences).

Enfin, la présence d’éléments abiotiques organiques, qui proposent les mêmes signatures que les cellules vivantes, pourrait entraîner un risque élevé de faux positifs.

Pour surmonter tous ces défis et maximiser les chances d’échantillonner une cellule (réelle), les chercheurs ont calculé qu’il fallait recueillir au moins 0,1 ml d’eau ce qui, selon eux, nécessiterait une centaine de survols. Une mission comme Enceladus Orbilander, proposée par la NASA il y a quelques mois, serait sur le papier capable d’une telle prouesse. Si elle était adoptée par l’agence américaine, cette mission ne pourrait être lancée qu’à la fin des années 2030.