Vladimir Komarov : le cosmonaute qui s’est lancĂ© dans l’espace en sachant qu’il ne reviendrait pas

Vladimir Komarov
Crédits : NASA

Voici l’histoire d’un cosmonaute nommĂ© Vladimir Komarov qui accepta de voler Ă  bord d’un vaisseau dĂ©jĂ  condamnĂ© pour protĂ©ger son ami Youri Gagarine. Il fut le premier homme Ă  mourir lors d’une mission spatiale.

Youri Gagarine est connu pour avoir Ă©tĂ© le premier humain Ă  se rendre dans l’espace, en 1961. Bien qu’il n’ait plus jamais volĂ© ensuite, son expertise fut sollicitĂ©e quelques annĂ©es plus tard, en 1967, pour un vol que devait intĂ©grer son ami Vladimir Komarov, qu’il devait remplacer s’il rencontrait un problème.

Ă€ cette Ă©poque, l’Union soviĂ©tique Ă©tait sur le point de cĂ©lĂ©brer son 50e anniversaire. Pour marquer l’occasion, les autoritĂ©s dĂ©cidèrent de libĂ©rer deux engins spatiaux en orbite. PilotĂ© par Vladimir Komarov, Soyouz 1 devait ĂŞtre lancĂ© en premier, avant d’ĂŞtre rejoint par Soyouz 2, avec Ă  son bord trois autres cosmonautes. Les deux capsules devaient alors se rencontrer, Komarov devait faire une sortie dans l’espace et intĂ©grer Soyouz 2, tandis que deux des cosmonautes Ă  bord de Soyouz 2 devaient intĂ©grer Soyouz 1. Tout ce beau monde devait ensuite revenir sur Terre.

Vladimir Komarov
Komarov avec des journalistes chiliens en 1966. Crédits : RIA Novosti archive

Sourde oreille

Quelques mois avant le lancement, il devint rapidement Ă©vident que ce vol n’allait pas se passer comme prĂ©vu. Plus de deux cents problèmes structurels furent en effet dĂ©couverts sur Soyouz 1 (le genre de problèmes susceptibles de mener Ă  la mort du pilote). Une note de dix pages fut alors Ă©crite, Ă©numĂ©rant chaque dĂ©faut, mais personne n’eut le courage de la transmettre au patron de l’Ă©poque, Leonid Brejnev. Youri Gagarine en vint alors Ă  lui envoyer une lettre lui-mĂŞme pour lui faire part de ses inquiĂ©tudes, mais ces dernières ne furent pas entendues.

Les amis de Komarov tentèrent bien de le convaincre de refuser de piloter l’engin, mais Komarov savait que s’il devait se retirer, il enverrait son ami Gagarine au casse-pipe. Il refusa alors, conscient qu’il ne reviendra pas. Derrière le rideau, il demanda qu’en cas de problème, ses funĂ©railles se feraient Ă  ciel ouvert, probablement pour se venger des personnes qui l’envoyaient Ă  sa mort.

Le jour du lancement, Gagarine agit selon le protocole habituel, exigeant une combinaison de pression avant de descendre sur la rampe de lancement pour parler avec Komarov. Certains pensaient qu’il voulait retarder suffisamment le lancement pour le faire annuler, mais si tel Ă©tait son plan, cela ne fonctionna pas. Komarov dĂ©colla bien. Et comme prĂ©vu, les choses tournèrent rapidement mal.

Vladimir Komarov
Deux Soyouz arrimĂ©s l’un Ă  l’autre (image d’artiste). CrĂ©dits : Lunokhod 2

Un crash Ă  140 km/h

Durant le vol, les panneaux solaires ne se dĂ©ployèrent pas. La capsule ne fut alors pas suffisamment alimentĂ©e en Ă©lectricitĂ©, ce qui entraĂ®na un dĂ©règlement de l’Ă©quipement de navigation. Vladimir fut alors incapable d’orienter son vaisseau vers le soleil comme prĂ©vu. Les communications furent rompues entre les 13e et 15e orbites. Il parvint finalement Ă  orienter sa capsule dans la bonne direction et entama Ă  sa rentrĂ©e lors de la 19e orbite.

Pendant la descente, son parachute principal ne s’ouvrit pas correctement, tandis que celui de secours se mit en torche. PrivĂ© de système de freinage, le vaisseau capsule heurta le sol Ă  une vitesse de 140 km/h, puis commença Ă  prendre feu. Quelques jours plus tard, il eut des funĂ©railles d’État et son cadavre carbonisĂ© fut montrĂ© Ă  la vue de tous, comme il l’avait demandĂ©.