Vivons-nous dans une simulation informatique ? Des physiciens ont enfin la réponse

Depuis des décennies, l’idée que nous pourrions vivre dans une simulation informatique a captivé l’imaginaire collectif et inspiré de nombreux films et romans. Aujourd’hui, une équipe internationale de physiciens apporte une réponse scientifique : notre univers ne peut pas être une simulation, et ce pour des raisons fondamentales liées aux lois de la physique et aux limites du calcul. Cette conclusion, rapportée dans le Journal of Holography Applications in Physics, bouleverse certaines hypothèses populaires tout en offrant une réflexion profonde sur la nature de la réalité.

Quand la science rencontre la philosophie

L’hypothèse de la simulation postule que l’univers que nous percevons pourrait être une sorte de programme informatique géant, géré par une civilisation avancée. Bien que fascinante, cette idée était longtemps considérée comme hors de portée de l’investigation scientifique, car elle semblait impossible à prouver ou infirmer.

L’équipe dirigée par Mir Faizal, professeur de physique à l’Université de Colombie-Britannique, a relevé le défi en combinant logique mathématique et physique théorique. Leur travail repose sur un domaine de pointe : la gravité quantique, qui tente de concilier la mécanique quantique — le comportement de la matière et de l’énergie à l’échelle atomique et subatomique — avec la gravité, décrite par la relativité générale.

La gravité quantique et la réalité fondamentale

Selon la gravité quantique, l’espace-temps que nous percevons n’est pas fondamental ; il émerge d’un substrat abstrait d’information pure. En d’autres termes, notre univers observable serait construit à partir de quelque chose de beaucoup plus profond et mathématiquement complexe.

Les chercheurs ont montré que même dans ce cadre abstrait, aucune simulation ne pourrait reproduire complètement la réalité. La raison : certaines vérités fondamentales sont intrinsèquement indémontrables et ne peuvent pas être calculées par un algorithme, quel qu’il soit.

Le rôle des théorèmes de Gödel

La preuve s’appuie sur le premier théorème d’incomplétude de Kurt Gödel, qui stipule qu’aucun système cohérent d’axiomes ne peut démontrer toutes les vérités mathématiques concernant les nombres naturels. Certaines affirmations seront vraies mais indémontrables, créant des limites insurmontables pour tout calcul algorithmique.

Comme toute simulation repose sur des règles programmées et un calcul algorithmique, elle ne pourrait jamais intégrer ces vérités « non algorithmiques ». En résumé, le niveau fondamental de la réalité est non calculable, ce qui rend impossible toute simulation complète de l’univers.

matrix matrice simulation informatique
Source: DR

Implications pour la physique et la compréhension de l’univers

Au-delà de réfuter les scénarios de science-fiction, cette recherche a des conséquences profondes pour la physique théorique. Comme l’explique Lawrence Krauss, physicien et co-auteur de l’étude, les lois fondamentales de la physique ne sont pas contraintes à l’espace et au temps ; elles les engendrent.

Cela signifie qu’une théorie ultime du tout, qui décrirait parfaitement tous les phénomènes physiques par le calcul, est impossible. Pour comprendre pleinement l’univers, il faut aller au-delà des équations et des algorithmes, vers un niveau plus abstrait de compréhension.

Une nouvelle perspective sur la réalité

Cette découverte souligne que la réalité n’est pas un simple programme que l’on pourrait débuguer ou exécuter sur un superordinateur extraterrestre. Elle repose sur des principes fondamentaux mathématiques et physiques qui échappent à toute simulation.

Pour les scientifiques et le grand public, cela a deux conséquences majeures :

  1. Réaffirmer la complexité et la profondeur de l’univers, bien plus riche que ce qu’un calcul pourrait reproduire.

  2. Ouvrir la voie à de nouvelles réflexions sur la nature de la réalité, mêlant physique théorique, mathématiques et philosophie, loin des spéculations purement fictionnelles.

En conclusion, cette étude marque une étape importante : elle démontre scientifiquement que la Matrice n’existe pas, et elle nous rappelle que l’univers est régi par des lois qui dépassent nos algorithmes les plus sophistiqués. La réalité, dans sa profondeur, reste irréductible et infiniment fascinante.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.